e2. Le Saint de Toulouse, mystère populaire d'Armand Praviel
UN MYSTÈRE POPULAIRE DONT LE PÈRE MARIE-ANTOINE EST LE HÉROS
d'Armand Praviel
Oui, le P. Marie-Antoine a été en 1926 le héros d’une pièce de théâtre, comme il a été auparavant le héros d’un long poème de 400 vers de Jean Vézère, écrivain et poète, couronné en 1913 par l’Académie des Jeux Floraux.
Il s’agit ici d’un genre théâtral dont l’auteur précise qu’il est un « mystère populaire en trois tableaux, un prologue et un épilogue ». Le mystère se jouait au Moyen-âge sur la place publique et autres lieux. Les plus anciens représentaient surtout la Passion du Christ et la vie des saints dont la foi populaire se nourrissait. Un genre littéraire qu’on reprit au début du XXe siècle. Parmi les plus célèbres, le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc par Charles Péguy, et les Mystères de Paris d’Eugène Sue, plutôt roman-feuilleton..
Armand Praviel (1875-1944), l’auteur de ce Mystère ayant le « Saint de Toulouse » pour héros, eut son temps de célébrité. Il est né dans le Gers, à L’Isle-Jourdain. Docteur en droit, poète mystique, à la fois journaliste et conférencier, comédien et romancier. Il a été, en 1902, le librettiste de l’oratorio «Notre-Dame de Lourdes », sur une musique de Lucien Comire, et il est devenu Mainteneur des Jeux floraux au fauteuil du cardinal Mathieu en 1910. Il a connu le P. Marie-Antoine et les biographies parues à la mort du missionnaire n’ont pas, à l’évidence, de secrets pour lui. Le Mystère a été joué à Toulouse au Jardin Royal, en mai et juin 1926. Il a été publié aux Éditions Privat en 1935.
La pièce est bien construite, passant tour à tour de la comédie au drame, d’un apostolat difficile mais encore bon enfant dans la banlieue toulousaine, au tragique des dernières années de la vie du Capucin, depuis l’expropriation et l’exil des religieux en 1903 jusqu’à sa mort en 1907, résistant dans son couvent solitaire et glacé.
Bien sûr, nous y trouvons quelques outrances, dues au genre. Et les outrances de 1926 ont de quoi heurter parfois nos mentalités d’aujourd’hui, pourtant habituées à d’autres outrances. Affaire de culture, on ne plaisante pas sur les mêmes choses.
On comprend que la vie mouvementée et bien remplie du Saint de Toulouse la Vox populi en ayant décidé ainsi il n’avait pas 40 ans- ait inspiré Armand Praviel, personnalité par ailleurs haute en couleur. En tout cas, la pièce, souvent drôle comme il se doit, fut appréciée en son temps, bien accueillie des Toulousains et du clergé. On y retrouve le P. Marie-Antoine dans sa vie, nous pouvons dire, de tous les jours.
Les situations mises en scène ont existé, les réparties sont souvent reprises mot pour mot. L’auteur se réfère à des faits réels, tels qu’ils se racontaient vingt ans après la mort du P. Marie-Antoine, dans les veillées, les salons ou au café. Il les a concentrés sur un nombre limité de personnages, eux fictifs, dans une unité de lieu, Toulouse et sa proche banlieue. Aussi nous at-il paru intéressant, pour cette réédition, et, pour répondre à des interrogations légitimes, de les confronter aux sources historiques en en précisant les références. Tel est l’objet, en fin de volume, de la contribution minutieuse de Jacqueline Baylé qui nourrit ainsi pour vous le rituel : vrai, ou faux ; elle constitue en même temps un rappel de certains épisodes en général bien connus, de la vie du « Saint de Toulouse ».
108 pages. Dans la même collection que « Le P. Marie-Antoine au 1er pèlerinage en terre Sainte. 1880 »
Prix public : 14 €. En vente dans les librairies, et par correspondance à l’APMA (3,50 € de port pour 1 ex. et plus
Entrefilet paru le 20 juin 1926
dans l’Express du Midi, quotidien
de Toulouse et du Sud-Ouest
« de défense sociale et religieuse »
(1891-1938).