La vie au couvent après l'expulsion
La vie au couvent après l’expulsion (1903)
Petit poème intime en six petits chants
1. Jésus au centre de notre vie
Dans ce si grand couvent, nous ne sommes que trois
De notre Ordre si saint gardant les douces lois,
Avec nous vit Jésus. Et son saint Tabernacle
Est notre Paradis Là, j’entends cet oracle :
« Apprenez tous de moi que je suis humble et doux ».
Pas de plus grand bonheur que d’être à ses genoux.
Quand nous nous éloignons, notre cœur y demeure
Et pour y revenir, nous n’attendons pas l’heure.
Là brûlant, chaque jour, d’une nouvelle ardeur,
des crimes des méchants nous consolons son Cœur.
Ensuite, recueilli, chacun fait son office,
Acceptant pour Jésus travail et sacrifice,
La main toujours à l’œuvre, et l’oeil toujours au ciel,
Le cœur toujours joyeux et toujours en éveil .
2. Ma plume est mon épée
Ma bouche se taisant, ma plume est mon épée
Bien rapide toujours, toujours aiguisée.
Ne pouvant plus prêcher, je combats l’ennemi,
Toujours la plume en main, sans trêve ni merci.
Si je compte mes ans, je suis dans la vieillesse
Mais par l’oreille et l’œil, je suis dans la jeunesse.
Plus grandit le péril, plus grandit ma vigueur
Et je vole au combat sans reproche et sans peur.
3. La cuisine
Ruffin garde la porte, Hubert fait la cuisine,
Cuisine sans apprêt, sans ragoût : aubergine,
Ail, chou, rave, haricot sont surtout en faveur,
Mais la pomme de terre a la place d’honneur.
Le jardin, largement nous donnant pour partage
Ce que Noé mangeait avant le grand naufrage.
4. La porte
Le pauvre à notre porte est toujours accueilli :
La grande dame et le très grand monsieur aussi.
Aux pauvres si chéris, Ruffin donne la soupe,
Des autres, la grandeur, il la voit à la loupe.
Il les croit tous marquis, à tous il fait honneur
Et les enrichit tous des trésors de son cœur.
5. Notre aliboron
Pourrai-je t’oublier, bête aux longues oreilles
Si longues que jamais on ne vit les pareilles !
Quel service tu rends, à moi pauvre éclopé !
Aussi quel râtelier, quand tu m’as bien porté !
Quand grâce à toi, j’ai pu me rendre à ma chapelle,
Vraie perle de Lavaur, si pieuse et si belle !
Quand grâce à toi j’ai pu visiter mes mourants
Et ramener à Dieu mes pécheurs repentants
6. Conclusion
Vous le voyez, de Dieu la douce Providence,
Veillant sur ses enfants, nous donne l’abondance.
Ne nous plaignez donc pas, plaignez ceux que l’exil
A partout dispersés et mis en grand péril.
Qu’ils reviennent bientôt sous ton aile, ô Marie !
Pour chanter avec nous les joies de la Patrie.
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