Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
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Pentecôte 1900 à Notre-Dame du Laus


L’EXPOSITION DU CENTENAIRE A N.D. DU LAUS EN MAI 2008

Lu dans les Annales du Laus de juin 1900

3 et 4 juin : Les Fêtes de la Pentecôte



Dès la veille, les avenues qui conduisent au Laus sont pleines de groupes isolés qui viennent prendre part à ces belles fêtes. Le lendemain, les pèlerins affluent et on les voit avec émotion baiser les dalles du Sanctuaire et faire en chantant le tour de la sainte Chapelle. Puis, tandis que les uns s’approchent des confessionnaux, les autres s’attardent en de longs colloques avec la Bonne Mère, et Marie les écoute, les console et leur parle cœur à cœur.

Au matin du lundi, les processions traditionnelles arrivent : c’est Saint-Laurent-du-Cros, La Roche-des-Arnauds, Romette, La Rochette, Rambaud, Théus, Espinasses, Saint-Etienne-d’Avançon. Les cloches saluent joyeusement les pèlerins, tandis que les missionnaires les introduisent solennellement dans le Sanctuaire.

Les confréries de pénitents de ces diverses paroisses n’ont pas peu contribué à rehausser l’éclat de la solennité. La place nous manque pour leur dire combien elles ont édifié. Mais nous les félicitons vivement, et souhaitons que d’autres paroisses, à leur exemple, fassent renaître ces pieuses associations qui sont l’honneur de l’Eglise.


Le R. P. Marie-Antoine prédicateur invité


A l’occasion de la solennité, le R.P. Supérieur du Laus avait eu l’heureuse idée d’inviter le célèbre P. Marie-Antoine, de la maison de Toulouse, à venir répandre sur la foule la manne de sa parole. Et le bon Père, malgré son grand âge, et les incessants labeurs de son apostolat, n’avait pas hésité un instant à entreprendre un long voyage et à s’imposer de nouvelles fatigues pour répondre à l’invitation qui lui était faite, et témoigner de sa piété envers la Bonne Mère.


L’espoir de faire du bien aux âmes, de répandre la lumière surnaturelle dans les intelligences et la grâce de l’Esprit-Saint dans les cœurs avait suffi pour le décider.

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C’est une figure très originale et très particulière que celle du Père Marie-Antoine : grand de taille, mais déjà voûté et brisé par le travail et les austérités, le visage sillonné de rides creusées par la fatigue, mais éclairé par un sourire céleste et par un regard très doux, le Père Marie-Antoine attire tout naturellement à lui et, dès qu’il parle, il charme, il captive, il enchaîne.

Sa parole simple et familière est pleine de saveur et s’élève aisément ou plutôt s’envole sans effort jusque vers les plus hauts sommets de la théologie mystique. Son ton de conviction impressionne tout particulièrement. On sent, en l’écoutant parler du bon Dieu, de Notre Seigneur, du Saint-Esprit, de la sainte Vierge et des Saints, qu’il entretient avec l’Au-delà d’incessantes et intimes communications. Et l’on est tout naturellement porté à le suivre dans cette voie de renoncement, d’abnégation et de sainteté où il marche si allègrement.


                            
Avec un à propos charmant, il nous fit voir l’humble bergère Benoîte instrument du Saint-Esprit


Laus.jpgOh ! comme il s’est bien acquitté de sa tâche et comme il nous a charmés et fait du bien pendant les deux jours qu’il a passés au milieu de nous. Nous l’en remercions avec effusion au nom de tous ceux qui ont eu le bonheur de l’entendre et nous lui disons : « Père, nous serons heureux de vous revoir au Laus. »

Le dimanche, à la grand’messe, le bon Père nous fit une délicieuse instruction et commenta avec un à propos charmant cette parole :
« Scitote quoniam suavis est Dominus et in aternum misericordia ejus… » Il nous montra les fruits de la venue du Saint-Esprit au Ciel où est la source de toute suavité et de toute joie, et sur la terre, où il vient répandre la Douceur, la Paix, le Pardon, la Charité, la Miséricorde. Puis, restreignant le cadre de sa pensée, il nous fit voir l’humble bergère Benoîte, instrument du Saint-Esprit dans ce vallon du Laus où, pendant 54 ans elle travailla au bonheur et au salut des âmes.

Aux vêpres du dimanche, le mauvais temps empêcha la procession habituelle.

Le soir, à la nuit tombante, le R. P. Marie-Antoine prononça une glose très touchante, établit une opposition entre la femme, l’arbre et le fruit qui nous perdirent au Paradis Terrestre, et la femme, l’arbre et le fruit que l’on trouve au Laus et qui sauvent le monde. La femme c’est Marie qui, à la prière de Benoîte se fait ici le Refuge des pêcheurs, l’arbre c’est la croix d’Avançon, près de la quelle l’humble bergère souffre et expie pour le salut des pêcheurs, le fruit c’est l’Eucharistie vers laquelle la sainte fille conduit les pêcheurs. C’est ainsi, conclut le Père, que Benoîte sauve l’âme de la France.

Le temps est redevenu clair, une belle et nombreuse procession aux flambeaux s’organise et gagne la chapelle du Précieux Sang aux chants des cantiques et à la lueur des falots et des feux de bengale.


Le Laus, ce coin du Paradis



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Puis, la veillée sainte succède à cette journée déjà si bien remplie. Les confessionnaux ne désemplissent pas jusqu’à minuit. A ce moment, le R.P. Supérieur, selon la coutume, fait la glose de nuit et tout aussitôt après commencent les messes qui se succèdent sans interruption jusqu’à huit ou neuf heures.

Alors commence la cérémonie de la confirmation, que suit immédiatement la grand’messe solennelle et pontificale sur le tertre qu’entoure une foule estimée à 3.000 personnes. Après l’Evangile, nouveau sermon du P. Marie-Antoine dont l’enthousiasme déborde et qui ne craint pas d’appeler le Laus un coin du Paradis, et les pèlerins des citoyens et des élus du Paradis.

Le ciel est voilé, mais il ne pleut pas : c’est un temps idéal qui se maintiendra toute la journée. Mais les jours les plus beaux semblent plus courts que les autres.


Après les Vêpres et la procession, il faut déjà songer au départ. Bien des cœurs se serrent et bien des yeux se mouillent, cependant que Monseigneur, visiblement ému lui-même, félicite les pèlerins, leur souhaite bon retour et les bénit. Puis, avec un tact plein de délicatesse, se tournant vers le prédicateur, il le remercie de son zèle et lui demande de répandre partout le culte et l’amour de Notre-Dame du Laus.

Et les processions s’en vont une à une, en chantant une dernière fois : Ave Maris Stella.









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