2. Naissance de la Province de Toulouse : a. Une longue tradition franciscaine
NAISSANCE DE LA PROVINCE DE TOULOUSE
1.
UNE LONGUE TRADITION FRANCISCAINE
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UNE LONGUE TRADITION FRANCISCAINE

C’est encore dans ce couvent que Catherine de Médicis réunit en 1578 les Pénitents de Toulouse, et ils sont nombreux, Pénitents Noirs, Bleus, Blancs, Gris. C’est sous ses voûtes que s’assemblèrent le 17 décembre 1589 les Etats du Languedoc pour jurer de n’accorder obéissance qu’à un roi catholique, refusant ainsi de reconnaître Henri de Navarre.
Le couvent adjacent n’est ni moins beau ni moins célèbre. Il a été élevé rue Valade sur les ruines des collèges de Verdale et de Monlezun devenu vacants, et rachetés par la ville pour les Capucins. Le premier a été brûlé vingt ans auparavant par les Protestants. Un groupe de dix-huit capucins, presque tous d’origine italienne l’Ordre est issu, depuis 1525, des Frères Mineurs de l’Observance- viennent s’y implanter en 1582, à la demande de Mgr Paul de Foix, archevêque de Toulouse. Ils reconstruisent le couvent et l’église en trente ans. L’animateur de cette fondation est Etienne Duranti, premier président du Parlement, qui désire « introduire dans la cité un élément de paix ». La ville est alors déchirée par des luttes politiques et religieuses. Lui-même sera sauvagement assassiné au cours d’une insurrection. On trouve bien qu’à Toulouse les religieux sont déjà en grand nombre, et, remarquent les Capitouls dans une délibération, « nous en étions à nous demander comment ces religieux pourraient vivre au milieu de nous ; mais l’expérience n’a pas tardé à nous apprendre que la divine Providence est loin de laisser ses amis et serviteurs dans la souffrance. Nous avons pour eux la même raison d’espérer. Il leur faut peu de chose, ils vivent d’aumônes et, dans cette ville, il y a, nous en sommes assurés, bien des personnes qui ne les laisseront manquer de rien ».

presque aussi grande que la basilique Saint-Sernin,
transformée en magasin à fourrage à la Révolution,
sera détruite par un incendie en 1871.
Les deux couvents franciscains formaient un ensemble imposant dans la ville, mais ils ne sont pas les seuls. Aux abords de la cité, au-delà du Château-Narbonnais, Louis XI, en 1481 a fait construire un second monastère de l’Ordre. Il en reste encore l’église, dite des Récollets, desservie par la suite par les Pères du Calvaire. Il y a encore, chassés du couvent des Cordeliers de l’Isle-Jourdain par Henri de Navarre, ses religieux au nombre de trente-six, qui ont trouvé un asile à Toulouse en 1580 au prieuré de Saint-Antoine, au Salin. Leur église subsiste dans la rue Pharaon. S’ajoute une cinquième maison franciscaine, celle des Géguins, Tertiaires Réguliers de Notre-Dame de la Paix, près des Jacobins.
Les Capucins deviennent vite populaires à Toulouse. On aime leur zèle rayonnant, leur pauvreté, leur austérité joyeuse, leurs psalmodies graves, la dignité simple de leurs offices, la beauté fraîche des fleurs naturelles qui ornent leurs autels, usage inhabituel en France jusque-là. On vient en foule se confesser dans leurs couvents, ne les appelle-t-on pas les consolateurs des âmes ? Leur charité très humble, qui ne pose pas de question, envers les pauvres et les malades, va droit au cœur du peuple.
De 1582 à 1731, le nouveau couvent de la rue Valade est ainsi un centre rayonnant de prédication populaire face à l’invasion de la Réforme. Très vite, les Capucins sont demandés dans d’autres villes, et du couvent de Toulouse partent des colonies qui essaiment dans tout le Languedoc et les provinces voisines. C’est de ce couvent que les Ligueurs sont venus arracher le P. Ange de Joyeuse pour qu’il remplace son frère dans la charge de Gouverneur du Languedoc. On a de lui cette répartie, alors qu’il accompagne le Roi Henri IV: « Sire, je me demande lequel de nous deux étonne le plus le peuple. Vous, le protestant devenu catholique, ou moi le capucin devenu laïc ? » Avant sa mort, Ange de Joyeuse réintègrera son couvent toulousain et mourra sous l’habit de son Ordre.
L’évènement entré dans la mémoire collective des Toulousains est celui du dévouement héroïque des Capucins durant les pestes qui ont décimé la région à plusieurs reprises, en 1588, dans les sombres années de 1627 à 1632, en 1652. Rien qu’entre 1627 et 1632, quarante et un religieux succombent dans le sud-ouest, victimes de leur charité envers les pestiférés. Partout ils sont les premiers au danger, souvent les seuls. Précédés par un homme valide agitant une clochette, vêtus d’un habit de sangle bleu, ils portent d’une main un crucifix et de l’autre une pharmacie et des désinfectants. Toulouse a perdu, durant ces six années de malheur, entre cinquante et quatre-vingt mille victimes. La population est terrorisée, les uns fuient, tandis que les autres n’osent pas sortir de leurs maisons. Le P. Marie-Antoine fera un récit touchant, dans son livre La Sainte Amitié, du don de soi jusqu’à la mort de deux de ses frères du couvent de Toulouse, le P. Polycarpe de Marciac et le P. Ignace de Fronton, accourus à Bordeaux en renfort en 1606.
Les vingt-cinq capucins que compte Toulouse, comme ceux du reste de la France, seront balayés par la Révolution, laissant, dans ces temps de misère, regrets et légende. Depuis, on ne les a plus revus. L’immense ensemble des Cordeliers a été transformé en casernes, rasées deux siècles plus tard, en 1970, pour laisser place au campus de l’Université des Sciences Sociales. Quant à l’église, joyau de la ville, elle est devenue un magasin à fourrage, guetté par un incendie, qui éclate dans la nuit du 24 mars 1871. Il n’en reste qu’une tour rue Deville.
Naissance de la Province de Toulouse. b) La fondation du couvent de Toulouse par le P. Marie-Antoine (suite)
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