1. Sauvegardée par des achats fonciers dès 1869




LA MONTAGNE SAINTE DES ESPÉLUGUES


1.
SAUVEGARDÉE PAR DES ACHATS FONCIERS DÈS 18691
LA MONTAGNE DU CALVAIRE par J.B. Courtin2 


Lorsque Mgr Laurence, évêque de Tarbes, par un acte passé le 24 novembre 1869 devant Me Lacadé, notaire à Lourdes, acheta à la ville le mont de Biédebat ou des Espélugues, situé au sud de la Roche Massabielle. et séparé d'elle par le chemin de la forêt, ce qui est aujourd'hui le Calvaire n'était alors qu'un rocher escarpé. Il s'élevait verticalement à l'est, au nord et à l'ouest à près de 150 mètres au dessus du Gave. Un seul sentier, étroit, « difficile et malaisé», venant de Prat-Millas, donnait aux bergers la possibilité de conduire les moutons et les chèvres sur l'étroit plateau où poussait une herbe rare parmi les rocs, les ronces et les épines. Faute d'humus, les arbres ne pouvaient s'y développer ; ou n'y voyait que quelques chênes rabougris et tordus par les grands vents d'ouest, comme le montrent les photographies de cette époque.

Montagne64-2.jpg
La Grotte, les soubassements des Sanctuaires qui constitueront la Crypte, et la montagne des Espélugues. Ainsi que les Pèlerins venus en foule le 4 avril 1864 inaugurer la statue de la Grotte.

Le rocher, d'une superficie totale de près de 7 hectares était donc sans valeur, "sans revenu”, comme l'indique un document de l'époque. Il fut cédé pour 1.579 fr. 50 à Mgr Laurence. Mais l'évêque de Tarbes versa gracieusement 4.000 fr. pour obtenir de la ville de Lourdes l'aménagement, qui s'imposait, de la route de la forêt aux approches de la Grotte.

Pourquoi Mgr Laurence fit-il l'acquisition du rocher des Espélugues? Sans doute pour créer autour de la Grotte des Apparitions une vaste zone de silence et de recueillement et pour empêcher l'installation trop proche des hôtels et des magasins, comme il l'avait déjà fait en achetant d'autres propriétés voisines de la Grotte. Sur la montagne des Espélugues transformée, les pèlerins viendraient ou méditer les mystères du Rosaire dans les chapelles qui leur seraient consacrées, ou faire l'exercice du chemin de la croix, comme à Bétharram.

Mgr Laurence ne put réaliser son pieux projet. Le 29 novembre, en effet, soit cinq jours après avoir acheté la montagne, il quittait Tarbes pour se rendre, malgré ses 80 ans, au Concile du Vatican, et décédait à Rome le 30 janvier 1870 avec la « consolation de mourir en accomplissant un grand devoir d'évêque ». Heureusement, il laissait après lui des fils spirituels, héritiers de sa pensée et de ses vastes projets : les RR. PP. Missionnaires de la Grotte3, et surtout leur éminent Supérieur le R.P. Sempé. Mais l'acquisition du Piédebat n'était pas suffisante pour permettre la création d'un chemin rejoignant la route de la Forêt au plus court, après avoir contourné la montagne, la métairie des Espélugues, située au nord-ouest n'ayant aucune servitude de droit, ni de fait. Alors, le 2 décembre 1869, les P. P. Missionnaires de la Grotte achetèrent aux enfants cohéritiers de M. Romain Lapeyrère pour la somme de 20.000 Fr. la métairie des Espélugues qu'ils rétrocédèrent le 21 novembre 1874 à Mgr Langénieux, évêque de Tarbes. Ils purent donc accomplir I'œuvre magnifique sous la haute direction des évêques successifs, Mgr Pichenot (1870-1873), Mgr Langénieux (1873-1874), Mgr Jourdan (1874-1882), Mgr Billère (1882-1899), Mgr Schœpfer (1899-1927).
                                                                                                                                                                                                                                                                                            Monseigneur LaurenceMgr-Laurence2.jpg
Pour rendre le mont abordable aux pèlerins, on créa d'abord un sentier à flanc de rocher, « Le matin du 18 mars 1872, lit-on dans les Annales de N.-D. de Lourdes, cent-trois explosions de mines faisaient au loin retentir les montagnes et les vallées. Les travaux d'escarpement et de préparation du chemin, serpentant sur la montagne où devaient s’élever plus tard les 15 chapelles du Rosaire, ont occupé, cet hiver, tous les bras de la ville de Lourdes qui manquaient de travail. » Ensuite, on construisit (1872-1880) un chemin long de 1.200 mètres et d'une largeur moyenne de 4 à 5 mètres. Travail gigantesque, car ou dut asseoir sa première partie sur de grandes arcades ogivales, elles-mêmes suivies de puissants murs de soutènement, et il fallut achever tout le reste à coups de mine dans une roche extrêmement dure.

En outre, il fut nécessaire de transporter des milliers de mètres cubes de terre sur la montagne pour créer des pentes gazonnées avant d’y planter les arbres qui lui donnent aujourd’hui sa merveilleuse frondaison et ombragent la voie sacrée du Calvaire4.


1. Achat le 20 aoùt 1861 pour la somme de 6.000 Fr. du terrain contre  le rocher de Massabielle à l’ouest; achat le 25 juillet 1861 pour la somme de 18,100 Fr. du terrain juxtant le précédant; achat le 22 aoùt 1864 pour la somme de 80.000 Fr. de la prairie de Savy avec Moulin et scierie prenant l'Esplanade actuelle, le parc Sainte-Bernadette et le tronçon du Boulevard de la Grotte qui les sépare.
2.« Montagne du Calvaire et Chemin de croix monumental de N.D. de Lourdes » (Imprimerie de la Grotte, 1944).
3. Les Pères de l'Immaculée-Conception venus de Garaison.
4 De grands travaux sont en cours d’exécution depuis janvier 1941, pour doubler la largeur du chemin, et même la tripler quand il est possible. Le circuit du Calvaire est de 1350 mètres.



Catégorie : Menu général - Lourdes: La Montagne sainte des Espélugues
Page lue 3383 fois