Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
Vous êtes ici :   Accueil » 4. La grotte de Ste Marie-Madeleine
    Imprimer la page...

4. La grotte de Ste Marie-Madeleine




LA MONTAGNE SAINTE DES ESPÉLUGUES


4.
LA GROTTE DE SAINTE MARIE-MADELEINE
"PÉNITENCE! PÉNITENCE! PÉNITENCE! LA GRANDE PÉNITENTE VA NOUS ENSEIGNER À SUIVRE
MARIE IMMACULÉE"


LA MONTAGNE DU CALVAIRE par J.B. Courtin 

Dans la descente du Chemin de Croix après la 14° station, on arrive, deux cents mètres plus loin, aux Grottes des Espélugues, situées au flanc de la montagne et ouvertes sur le nord-ouest par trois grandes baies naturelles en forme d'ogives irrégulières.

Chemins-grottes2.jpgElles méritent d'être visitées. Montez-y donc par l'escalier de 33 marches qui va des lacets jusqu'à la grande ogive située à droite. Alors vous vous trouvez en face d'une première grotte, profonde de 50 mètres en horizontale, d'une largeur de 5 à 12 mètres et d'une hauteur variable entre 8 et 10 mètres.

Cette première grotte communique par une grande ouverture naturelle avec une seconde grotte arrêtée à 80 mètres de longueur, d'une largeur variable de 10 à 20 mètres et d'une hauteur de 10 à 15 mètres.

Un géologue vous expliquerait que ces Grottes, aux formes si curieuses, ont été creusées par l'érosion des eaux traversant pendant des siècles un calcaire friable, et il vous ferait remarquer à leurs voûtes la trace des torrents qui s'y étaient créé leur premier passage. Malheureusement stalactites et stalagmites ont disparu.

Un historien vous dirait qu'elles furent habitées, aux âges préhistoriques, par les hommes des cavernes, puisqu'on y a trouvé, en les déblayant, les instruments dont ils se servaient, pierres taillées, haches en silex, ossements etc., aujourd'hui conservés au Musée de SI Germain-en-Laye ou au Musée Pyrénéen.


 

LE SAINT DE TOULOUSE-VIE DU P. MARIE-ANTOINE DE LAVAUR
par le P. Marie-Ernest de Beaulieu (1908)



“-Il faut aménager ces grottes, disait le P. Marie-Antoine, elles sont trop belles pour les laisser sans un but religieux.

“-Y pensez-vous, mon Père? Mais nous allons distraire l’attention des pèlerins, qui viendront ici et s’éparpilleront sur cette montagne au lieu de suivre les offices.

“-Mais ils y viennent quand même. Pour que leur piété n’y perde pas, il faut précisément en faire un but de pèlerinage auprès du grand pèlerinage.

“-A Lourdes, il ne doit y avoir qu’une dévotion, l’Immaculée! Il ne doit y avoir qu’une Grotte, celle de l’Apparition.

“-Pourtant Dieu en a creusé ici deux autres, immenses, superbes. Et, autour de l’Immaculée, toutes les dévotions ont leur place.

Le Père, à chacun de ses voyages reprenait sa thèse. On l’écoutait, on souriait, on discutait doucement. Et c’est ainsi qu’enfin un jour, Mgr Billère, évêque de Tarbes, donna l’autorisation d’aménager la montagne et de transformer ces grottes en sanctuaires chrétiens.

Dès 1887, l'entreprenant Capucin se considéra comme le maitre du terrain, traça des chemins, enleva des rochers, facilita l'accès des grottes et étudia avec son neveu, M. Joseph Rocher, architecte, le moyen de drainer l'humidité des voûtes et de transformer en chapelles ces vastes excavations.

Il voulut dédier la première, plus petite, à sainte Marie-Madeleine. La montagne étant un Calvaire, la grande pénitente y avait sa place.

Madeleine-stag2.jpgStatue de sainte Marie-Madeleine, don des pèlerins Marseillais aux Sanctuaires de Lourdes.
Madeleine2.jpg





















            





Au moment où il concevait ce projet, la Providence l'amena dans la famille Niel, à Muret. Il vit là, sur une cheminée, une statuette de sainte Madeleine, elle lui plut, il l'emporta, et en fit la plus grande statue de la Grotte. Le travail terminé, la statuette revint à la famille, qui la conserve comme une double relique.
L'inauguration eut lieu le 20 août 1887 à l’occasion du Pèlerinage national auquel participaient en foule les pèlerins marseillais qui offraient la statue commandée à l’artiste toulousain Moulins.

On y avait placé aussi un autel en marbre, fait d'une simple table posée sur un pilier quadrangulaire, comme les autels des premiers siècles chrétiens. Cette grotte est la réplique en quelque sorte de la Grotte de la Sainte-Beaume, située au flanc du Saint-Pilon, au diocèse de Fréjus ; on sait qu'elle est aussi dédiée à sainte Marie-Madeleine la pécheresse convertie par Jésus et qui, d'après une pieuse et très ancienne tradition, y passa les trente dernières années de sa vie pénitente.

« Jamais fête plus splendide, s'écrie celui qui vient de l'organiser. Il y avait là des pèlerins de tout l'univers ; mais la gloire de porter les reliques de la sainte revint de droit à ceux de Marseille et de la Provence. M. l'abbé Payan d'Augery, vicaire général de Marseille, présida la cérémonie et bénit la statue de la Grotte. »

Il appartenait au P. Marie Antoine de faire les honneurs du lieu à ses invités. « Nous voici dans deux grandes et splendides grottes. Ce sont, vous le voyez, deux merveilles de la création. En bas, on admire les merveilles du style gothique et on y prépare celles du style roman ; ici, nous contemplons celles du style divin. A l'extérieur, vous trouvez toutes les horreurs des grandes thébaïdes ; à l'intérieur, des beautés incomparables. Voici deux belles cathédrales juxtaposées, et admirez ceci : dans les grottes ordinaires, on n'entre qu'en rampant; ici, voyez ces entrées splendides. Dans les grottes ordinaires, on ne trouve que ténèbres ; ici, la lumière se répand à torrents. Majesté, grandeur, variété de formes, de contours, voûtes élancées, piliers gigantesques ; en un mot, tout ce qui ravit, tout ce qui émeut, tout ce qui pénètre l'âme, tout ce qui la saisit dans ses profondeurs et l'enlève dans l'infini : tout s'y trouve1
Vitrail-Aveugle.jpg
Puis, parlant de la sainte qui vient habiter ce lieu : « Je l'interroge, dit il.   0 Madeleine! ô fille du Cœur de Marie! ô perle du Cœur de Jésus, parle et réponds moi. Te voici arrivée depuis deux jours sur cette montagne avec le pèlerinage national de notre France, portée comme lui et avec lui sur ces chars de feu qui en sillonnent les collines et les plaines. Tu aa donc traversé notre France ; parle et dis nous : Qu'as-tu vu dans notre France? J’ai vu des hommes étranges, tous âpres à la curée, et j'ai vu un sépulcre. Ce sépulcre, ils le préparaient pour ma chère France, et ils se disaient l'un à l'autre : Non, non, plus de France catholique ! A nous le Capitole, à eux les Gémonies ! A nous le Panthéon, à eux les Catacombes ! Nous pouvons préparer leurs funérailles . C'est fini, c'est fini ! Cachons-les dans le sépulcre. »

« Non, non, ce n'est pas fini. C'est maintenant que tout commence. Ce sépulcre n'est pas le sépulcre de la mort, c'est le sépulcre de la vie.  Vous préparez des funérailles et moi je chante la résurrection. Le Christ était mon espérance, il est ressuscité ! Le Christ est l'espérance de la France : elle ressuscitera2 .


1. Amour et Douleur. Sainte Marie-Madeleine à la Sainte-Baume et dans la Grande Grotte de Lourdes par le P. Marie-Antoine 1888 page.360.
2. Journal de Lourdes, 28 août 1887.








Le Miracle par le P. Marie-Antoine de la guérison de l'aveugle mère de trois enfants,
représenté sur ce vitrail de la Basilique de Notre-Dame de la Trinité à Blois,
a eu lieu devant la Grotte de saint Marie-Madeleine à l'issue de la Messe.

Catégorie : Menu général - Lourdes: La Montagne sainte des Espélugues
Page lue 5516 fois