5. La Grotte dédiée à N.D. des Douleurs




LA MONTAGNE SAINTE DES ESPÉLUGUES


5.
LA GROTTE DÉDIÉE À NOTRE-DAME DES DOULEURS
"PÉNITENCE! PÉNITENCE! PÉNITENCE!"



Lourdes-Douleurs2.jpg 



LES ANNALES DE LOURDES (octobre 1887)


Depuis le neuf octobre, le pèlerinage possède un sanctuaire de plus : la chapelle de Notre-Dame des Douleurs dans les Grottes des Espélugues.

La seconde excavation, plus grande et plus élevée P-Sempe.jpg, s'ouvre sur la première par vaste passage naturel, avec une énorme roche à l'entrée pouvant porter une chaire. On peut y accéder par un chemin de quarante mètres. Le P. Marie-Antoine voulut la consacrer à Marie, Mère des Douleurs, dont le culte, pensait-il, a une opportunité spéciale à Lourdes, ne serait ce que pour y rappeler Notre-Dame de Garaison, auprès de qui a pris naissance la Congrégation des Missionnaires de la Grotte.

Le P. Rémi Sempé, chapelain à Lourdes et supérieur des Pères de Garaison, Congrégation des Missionnaires de la Grotte.
"
Il donna libre cours à la féconde imagination du P. Marie-Antoine pour l'aménagement des grottes des Espélugues"

Il y a un mois et demi, les pèlerins de toute la France pénétraient pour la première fois en foule dans ces grandes et splendides grottes, afin d'y placer la statue de sainte Madeleine comme une perle qu'on place dans un écrin.

Des vivats prolongés, des cris d’admiration retentirent dans ces profondeurs mystérieuses et se répercutèrent au-dehors.

Dimanche dernier, jour où l’Église célébrait la Maternité de la Vierge Marie, des pèlerins, encore assez nombreux en ce mois d’octobre, montèrent aux Grottes, mais pour y pleurer avec Notre-Dame des Douleurs.

La scène était bien changée. Au fond de la Grotte principale se détachait, au pied d'une haute croix et au dessus d'un autel de granit, la Vierge Mère tenant son Fils mort entre les bras. Ce groupe, en pierre blanche, œuvre du sculpteur Moulins, semblait s'écrier: « 0 vous, pèlerins de l'Immaculée Conception, venez et voyez s'il y a jamais eu une douleur semblable à la douleur de votre Mère. »

Le T.R.P. Sempé bénit solennellement le groupe et l'autel. Puis le P. Marie Antoine rnonta sur un rocher disposé pour servir de chaire et prit la parole.

“Il sera bon désormais, dit-il en substance, de compléter un pèlerinage à Lourdes, en allant de la grotte des Apparitions aux grandes grottes de sainte Marie-Madeleine et de Notre Dame des Douleurs. Il faudra y monter avec un grand esprit de pénitence et des larmes de repentir.”

Une telle cérémonie ne pouvait mieux finir que par le chant du Stabat. Jamais la simple et grande phrase du plain-chant ne nous avait paru plus belle que sous ces voûtes consacrées désormais à honorer les souffrances et le martyre de Marie.




    LE JOURNAL DE LOURDES (16 octobre 1887) 


Le sculpteur Moulins, de Toulouse, assistait à l'inauguration de son œuvre. Parmi les 1500 ou 2000 personnes présentes, 60 artilleurs de la garnison de Tarbes n'ont pas été les moins édifiants par leur tenue; ils auront tressailli quand l'orateur a montré la France baptisée dans les larmes de Marie, et Marie elle-même versant encore des larmes pour donner à la France, la fille de son cœur, un nouveau baptême de gloire et d'amour.

N-D-Lourdes2.jpg                                                                                                                                                     
Lourdes-Douleurs4.jpgDans la Grotte de l'Apparition, Marie a dit à la France et au monde la grande parole de ses gloires :

« Je suis l’Immaculée Conception”

Ici, dans cette Grotte, vous venez de l'entendre, elle nous dit la grande parole de ses douleurs et par suite de son amour; car, ne l'oubliez pas et l'Evangile l'affirme en même temps que le cœur vous le dit: La grande preuve de l'amour, c'est la douleur endurée pour celui qu'on aime.

Tant que vous n'aurez pas souffert pour moi, jamais je ne serai obligé de croire à votre amour, et c'est par les souffrances seules que j'en aurai la mesure.

Lourdes-grottapparit2.jpgTournez maintenant vos regards vers cette grande croix qui domine l’autel et donne la vie à cette grande grotte, et voyez au pied de la croix les deux grandes victimes de l'amour ! Voyez ces deux cœurs immolés à la fois par le même amour ; l'un périt par la lance, l'autre déchiré par le glaive, et ces deux cœurs nous crient: amour! amour! amour!



MONTAGNE DU CALVAIRE ET CHEMIN DE CROIX MONUMENTAL
DE N.D. DE LOURDES
(par J.B. Courtin)

 
La seconde Grotte, beaucoup plus vaste, est dédiée à Notre-Dame des Douleurs. Une magnifique "Pieta" surmonte l'autel de granit qu'on y a placé, et, tout près, une chaire pour les prédications a été installée dans une saillie du rocher. Pendant les grands pèlerinages, c'est tous les matins que des messes sont célébrées dans ces deux chapelles emplies de pèlerins. Ne rappellent-elles pas à certains les messes que les premiers chrétiens entendaient dans les Catacombes !




LE SAINT DE TOULOUSE. VIE DU PÈRE MARIE-ANTOINE
(par Marie-Ernest de Beaulieu 1908) 

      
C'est le Père Marie Antoine lui-même qui va nous introduire dans ce grand sanctuaire que la nature a préparé à la Mère affligée.

« A peine le pèlerin, s'avançant au delà de la Basilique, a-t-il franchi la Maison des Pères, qu'il peut lire sur un poteau : Chemin des Grottes. Qu'il prenne ce chemin. Il fait cinquante pas, et le voilà transporté en pleine thébaïde. Jamais nature plus abrupte, plus sauvage, plus grandiose. C'est là, au flanc de la montagne, que sont les nouvelles Grottes. On leur donne le nom d'Espelugues, du mot latin Spelucae.

« C'est vraiment un monde nouveau, dont le caractère particulier est d'être avant tout profondément religieux. Tout, en effet, n'y respire que pénitence et prière. Les fleurs s'y cachent, et on dirait que les petits oiseaux eux-mêmes y sont plus silencieux ; à peine les voit-on voltiger sur les branches des grands arbres, dont la brise, qui semble gémir, agite doucement les feuillages. Les bêlements lointains des petits agneaux, qui paissent là-haut sur la montagne, viennent admirablement compléter cette suave et inimitable harmonie.

« En bas, sur les bords du Gave, c'est la grotte des joies ; ici, c'est la grotte des douleurs. Il n'est pas étonnant que la grotte des joies ait eu les prémices : la grotte de la naissance de Jésus n'a-t-elle pas entendu les chants de la joie, avant que la grotte de l'Agonie n'entendît les sanglots de la douleur?

« La grotte de la douleur sera le complément de la Grotte de l'Apparition, qui est la grotte des joies. Ici, nous nous réjouissons avec Marie qui nous sourit, là nous pleurerons avec elle. Et nous apprendrons ainsi à l'imiter. »

« Dans ce milieu tout nouveau, un saint recueillement et comme une mélancolie divine s'emparent de l'âme. Vous éprouvez le désir de monter plus haut, et vous sentez que la prière va vous donner des ailes.

« Oui, montez, montez en silence et en priant : un sentier plus petit, plus rapide et plus recueilli, qui longe à gauche le flanc de la montagne, vous y invite. Prenez-le. Vous y trouverez trente-trois degrés. vous rappelant les trente-trois années que sainte Marie-Madeleine a passées dans notre chère France ; que chaque degré soit une ascension de votre l’âme et un cri du cœur, le cri: Pénitence ! Pénitence! Pénitence !


                                                                                                                                                       
                         DEUX OUVRAGES TRACENT LA VOIE                                                                 
Toujours servir ses pèlerins sur un chemin de sainteté, telle est la passion du P.  Marie-Antoine qui publie aussitôt: Amour et douleur ou Ste Marie-Madeleine à la  Sainte-Baume et dans la grande grotte de Lourdes. La croix de Jérusalem (1888,  407 pages) et : Amour et Douleur. Sainte Marie-Madeleine et N.D. des Douleurs dans les grandes Grottes de Lourdes (1889, 413 pages). Celui-ci, dans une des nombreuses rééditions qui suivent, reçoit un bref du pape et sa bénédiction apostolique sous la signature de son secrétaire Mgr Volpini, et le cardinal Parrochi fit savoir qu'il en avait fait son vade-mecum pour les retraites qu'il animait.     
                                                                                                                               n
                                                                


JOURNAL DE LOURDES
(1889 N°20)


 La première pénitence, Marie la fait faire aux pieds du confesseur par les pèlerins contrits, et devant sa Grotte par les pauvres    malades. La seconde pénitence,     elle veut la faire faire dans la Grotte de Marie-Madeleine, la grande pénitente, et la troisième, avec elle-même, dans la Grotte de Notre-Dame des Douleurs.

Cette triple pénitence, une fois accomplie, le monde sera sauvé. Vous comprenez la grande place qu’occupe le Pèlerinage de Lourdes dans les évènements de ce siècle. Et la place que viennent occuper dans le grand pèlerinage les deux Grottes de sainte Marie-Madeleine et de Notre-Dame des Douleurs.


                                                                 



Catégorie : - Lourdes: La Montagne sainte des Espélugues
Page lue 3701 fois