6. La croix de la France




LA MONTAGNE SAINTE DES ESPÉLUGUES


6.
LA CROIX DE LA FRANCE
"C'EST EN FRANCE QUE MARIE EST VENUE DIRE AU MONDE: JE SUIS L'IMMACULÉE-CONCEPTION" 




MONTAGNE DU CALVAIRE ET CHEMIN DE CROIX MONUMENTAL DE N.D. DE LOURDES (par J.B. Courtin)


La croix monumentale entre les statues en fonte de la Sainte Vierge et de Saint Jean, présente un très beau Christ en bronze. Elle fut érigée sur l'initiative  du célèbre capucin, le R.V.P. Marie-Antoine, «le saint de Toulouse», avec le concours du Pèlerinage National, le vendredi 22 août 1890.
                                                                                                                                                                                                  LourdescroixFr1.jpg                                                

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            Jésus en croix entre sa Mère et le disciple qu'il aimait,
                   
dominant le chemin de croix qui s'achève.


Le Christ fut d'abord exposé à la Grotte sur un
brancard orné de tentures de pourpre. L'heure de l'érection étant venue, une centaine d'hommes du meilleur monde sollicitèrent l'honneur de porter, pieds nus, ce glorieux fardeau, et la foule se massa en rangs pressés autour d'eux pour faire cortège à la croix. Des assistants portaient de longues palmes à la main, comme pour l'entrée de Jésus à Jérusalem...





               LES ANNALES DE LOURDES (
Août 1890)


La procession se déroula en deux lignes interminables d’hommes et de femmes en direction de la montagne, au chant du cantique “Chrétiens chantons à haute voix” et au cri mille fois répété de Vive Jésus, vive la croix!

Bientôt le Christ se dressa sur son nouveau Calvaire, et des milliers de fidèles s'échelonnèrent sur la montagne. Le R. P. Marie Antoine parla à cette multitude avec une éloquence qui provoqua bien des larmes.


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LE SAINT DE TOULOUSE. VIE DU PÈRE MARIE-ANTOINE
(par Marie-Ernest de Beaulieu 1908)
 
Dans l'angle, formé par deux murailles de rochers à pic, une élévation au milieu du gazon lui parut prédestinée. Avec le concours d'une pieuse famille de Tours, il y dressa une croix monumentale, portant l'image du Christ, et ayant aux pieds les deux statues de saint Jean et de Mater dolorosa.

L'inauguration en fut faite le 22 août 1890, avec l'enthousiasme que savait toujours créer ce puissant entraîneur de foules.

Le Christ, placé sur un immense brancard orné de draperies de pourpre et de couronnes de fleurs,  était placé dès le matin devant la Grotte, au milieu des malades, les bras étendus vers le peuple.

L'incessante procession sous le manteau de l'Immaculée,
entre la Grotte de ses apparitions
et sa montagne sainte.
                                      
 

A deux heures, les multitudes, conduites par plus de mille prêtres, s'ébranlent, et, en flots pressés, accompagnent le brancard, porté par des centaines d'hommes les pied nus. Un grand nombre tiennent dans leurs mains les palmes rapportées des pèlerinages à Jérusalem. Quand le Christ est élevé au milieu de la foule, qui éclate en acclamations et verse des larmes de bonheur, le P. Marie-Antoine paraît et chante encore la croix. Sur un tel sujet, à Lourdes surtout, en face de ces pèlerins dans lesquels il voyait l'élite de la France, l'orateur était intarissable.





LES ANNALES DE LOURDES (Août 1900)

“Il y a bientôt vingt siècles, dit-il en substance,  une multitude insensée acclamait Barabbas et demandait la mort de Jésus. Hélas! De nos jours il y a encore beaucoup d’insensés qui préfèrent Barabbas à Jésus. Il y en a même qui ne veulent plus de croix sur nos places publiques, sur le Panthéon, au chevet des mourants. “ A ces mots la foule s’écria: Vive Jésus, vive sa croix! Et l’écho de la montagne répète au loin ce cri unanime.

"C’est très bien, reprit l’orateur. Nous, les enfants de Clovis, de Charlemagne, de saint Louis, nous plantons ici la croix, non sur la poussière mouvante, mais sur un piédestal de granit. Que dis-je? nous la plantons dans nos cœurs de Français, plus fermes dans la foi, plus fermes dans l'amour que le granit et le diamant.

Vitrail-process.jpg"Et c'est au moment où tout croule qu’ici et à Montmartre1, à l’ombre de cette croix, nous fondons une France nouvelle, un monde nouveau. Ce monde nouveau, c’est le monde du Sacré-Cœur, le monde de l’Immaculée-Conception.

"Le centenaire que Satan voulait faire pour lui, a amené l’univers à Montmartre, et les ailes de la vapeur que Satan croyaient faites toutes pour lui, portent ici tout l’univers. Mais en tête des pèlerins de l’univers, sont tes pèlerins, ô France! Et voici le pèlerinage de la France qui plante aujourd’hui la croix sur le rocher.

"Cette croix, comment la nommerons-nous? Puisque nous avons là-haut la croix de Jérusalem. Les assistants répondent comme d’instinct: “La croix de la France!” “Vous avez bien dit, poursuit l’orateur. Quand Jésus fit de Marie la Mère universelle, il la fit Mère et Reine de la France, et c’est en France que Marie est venue dire la grande parole: Je suis l’Immaculée Conception. La France, le royaume de Marie, ne périra pas. Par la France, l’Eglise triomphera. Cette croix et les palmes que vous tenez dans les mains, sont un double signe de victoire.”

A ce moment l’orateur et les assistants relevèrent bien haut les palmes verdoyantes qu’ils tenaient dans les mains. Des applaudissements répétés retntirent avec de nouvelles acclamations à l’Eglise catholique, apostolique et romaine, à la France du Christ et de Marie, seule véritable France!

Trois fois on entonne le chant du triomphe : Gloria Patri, et Filio, et Spiri tui Sancto !2. Chacun redescendit de la sainte colline, fortement marqué de ce qu’il avait vu et entendu. La foule profondément remuée emportait jusqu'aux extrémités de la France le souvenir et l'impression fortifiante de ces grandes cérémonies, dont Lourdes seule pouvait être le théâtre et dont le P. Marie-Antoine était l'âme3.


1.
La construction de la basilique du Sacré-Cœur a été décrétée par l’Assemblée nationale en 1873 et commencée en 1876. Elle ne pourra être consacrée qu’en 1919, après la guerre. Mais déjà en 1890 des cérémonies s’y déroulaient, et le P. Marie-Antoine y a prêché
2. Voir Le Livre de la douleur par le P. Marie-Antoine page 359 et suivantes.
3. Ce dernier paragraphe en guise de conclusion est tiré de la Vie du P. Marie-Antoine par le P. Marie-Ernest de Beaulieu





            "Nous fondons un monde nouveau".

Vitrail de la basilique Notre-Dame de la Trinité à Blois.







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