Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
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Le Chemin de croix: 1° et 2° stations


                   CHEMIN DE LA CROIX MÉDITÉ
                                                               par le Père Marie-Antoine


   Missel-1.jpg                                                                                                                                     

 PREMIÈRE STATION

   A Bétharam : Jésus à Gethsémani.

    Au Chemin de la Croix ordinaire : Jésus est condamné à m


                                                                                                          LA JUSTICE ET LA PAIX

Il ne faut jamais penser à Jésus expiant le péché à Gethsémani sans penser à Adam commettant le péché dans le paradis terrestre. Le jardin du crime conduit directement au jardin de l’expiation. Jamais Jésus, l'innocence même, n’aurait été condamné à mort, si Adam, le grand coupable, n’avait mérité la mort.

Partout où il y a un crime, il faut une victime, voilà la justice, Si cette victime est l'innocent mourant à la place du coupable et pour le coupable, voilà la paix et la miséricorde infinie.

Il était écrit qu'un jour la JUSTICE ET LA PAIX devaient s’embrasser. Ce jour attendu depuis quatre mille ans, le voici, nous assistons à ce spectacle.

Voici Jésus au Jardin des Oliviers – l’olivier est le symbole de la paix. Le lieu est bien choisi pour le premier baiser d'amour entre la justice et la paix, le dernier aura lieu sur le Calvaire. Là, Jésus épuisera tout le fiel du calice de Gethsémani, là, seulement, la justice sera entièrement satisfaite, la paix éternellement consommée, leur baiser sera éternel : Justitia et Pax osculate sunt. (Ps. 84, 11).

Dans ce baiser se trouve toute l'économie du salut, tout le nœud du grand poème de la Rédemption, et l'explication de tous les mystères du temps et de l'éternité.

Fils d'Adam, le grand coupable, recueillons ce baiser de paix sur  les lèvres de Jésus, le divin agneau. Fils d'Eve la grande pècheresse, recueillons ce baiser de paix sur les lèvres de Marie, la Vierge Immaculée. Ils boivent à notre place le fiel le plus amer du calice, à peine en reste-t-il une goutte pour le pécheur, mais cette goutte il faut la boire : c'est justice. Bibent omibes peccalores terræ. (Ps. 74, 9).

Ne craignons pas, prenons en main le calice, c'est le calice du salut. La goutte de fiel n'est qu'au bord de la coupe, au fond se trouve le miel.

Oui, souffrir avec Jésus, souffrir avec Marie c'est le miel, c'est le ciel. Pati cum Jesu, pati cum Maria dulcis paradisu.

Jouir avec Satan et les fils de Satan, c'est l'enfer! Dans leur calice orné de fleurs, il y a le remords qui ronge et le feu qui dévore; il y a toutes les tempêtes de l'âme, et toutes les révolutions et tous les malheurs des sociétés : Ignis et sulphur et spiritus procellarum pars calicis eorum. (Ps. 10, 7).

0 Jésus! 0 Marie! votre calice!... Votre calice! ... Jésus n’en veux pas d'autre!... 0 mon Dieu, faire votre sainte volonté, voilà mon ciel! Qu'il est beau mon calice, qu'il est glorieux, qu'il est enivrant! Calix meus inebrians quam prœclarus est. (Ps. 22, 5).


Réciter après chaque station : Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père. Seigneur, ayez pitié de nous, et que les âmes des Fidèles trépassés reposent en paix. Ainsi soit il.

► Chanter : Vive Jésus, vive sa Croix, ou Sancta Mater.






 
DEUXIÈME STATION
 
A Bétharram : Jésus trahi par Judas.
 
Au Chemin de la Croix ordinaire : Jésus est chargé de sa Croix.


LES NOUVEAUX  JUDAS ET LES NOUVEAUX CROISÉS

 



 
Missel-2.jpgJudas est sans cœur, sans amour, il n'aime que l'argent, il fait à Jésus un baiser de traître.

Jésus, c'est le cœur, c'est l'amour même, une seule passion le dévore, le salut de nos âmes. Aussi, avant de mettre l'arbre du salut sur ses épaules, il le couvre de ses baisers d'amour.

Y a-t-il encore des Judas sur la terre? Y a-t-il encore des amis de l'argent? Y a-t-il des traîtres et des hommes sans cœur? Hélas! qui pourrait les compter? Y a-t-il encore sur la terre de vrais amis de Jésus, de vrais fils de Jésus, de vrais chrétiens? Y a-t-il réellement des Chrétiens qui ne se contentent pas de porter ce grand nom, mais qui le sont en réalité? Y en a-t-il qui, comme Jésus, prennent la Croix, l'acceptent avec joie et la couvrent de leurs baisers d'amour? Oui, il y en a.

0 France, sois saintement fière! 0 Cieux, réjouissez-vous! La France a eu ses glorieux Croisés, elle en a encore aujourd'hui. Les cieux les contemplent avec admiration, ils sont là sous mes yeux.

Gloire à vous, fils de la France! Gloire à vous, nouveaux Croisés! Oui, cette Croix va bien sur vos poitrines, elle va bien surtout dans vos cœurs! Couvrez-là de vos baisers d’amour.

C’est vrai, les nouveaux Judas nous trahissent, nous livrent, comme le premier a trahi et livré Jésus, mais, comme Jésus, ayant toujours dans le cœur et sur les lèvres le pardon, nous gardons pour eux un baiser d’amour: oui, donnons-leur franchement, chrétiennement, le nom d'Ami comme l'a donné Jésus, mais n’oublions pas la grande leçon qui l'accompagne, adressons-la avec Jésus à nos malheureux traîtres.

« Oh mes amis. Qu’êtes-vous venu faire ici? Dans cette France? Et que faites-vous de cette France? Que faites vous des enfants de cette chère France? Amice ad quid venisti? » (Math. 26, 50). La France des Saints, la France de Clovis, de Charlemagne, de saint Louis, ce sol trois fois sanctifié, trois fois illustré, trois fois béni, peut-il être foulé par des Judas? Cette patrie de la franchise peut-elle abriter la trahison?1 Cette France de la charité peut-elle abriter l'égoïsme? Cette terre des lys, cette patrie de Clotilde, de Geneviève, de Jeanne d’Arc et de Vincent de Paul peut-elle devenir la patrie des impies, des impudiques et des voleurs? Amice ad quid venisti ?  Mon ami qu’êtes-vous venu faire ici?
   
Prions. Prions pour la conversion des nouveaux Judas, prions pour la France!... et demeurons jusqu’à la mort les vrais CROISÉS DU CHRIST.



1. Ce Chemin de Croix a été publié en 1883, soit un peu plus de deux ans après la première persécution religieuse, qui a entraîné l'exil de toutes les communautés de religieux hors de France.
 
 
Pour en avoir la source en fac-simile, (suite1) (suite 1b) (suite 2) (suite 2b)

                                                                                                                                                                                                                                                                                          

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