St-Aubin: retraite de Carême du P. Marie-Antoine bénie par sainte Germaine


LE MYSTÈRE DE LA PLAQUE DE L'ÉGLISE SAINT-AUBIN À TOULOUSE

UNE RETRAITE DE CARÊME DU P. MARIE-ANTOINE BÉNIE PAR SAINTE GERMAINE
 
LE SAINT DE TOULOUSE UN APÔTRE TOUT DE TENDRESSE POUR SAINTE GERMAINE
 
 
Sainte Germaine est née en 1579. Elle a mené une vie de domestique à Pibrac, privée d’affection, méprisée, maltraitée.
Chapelle-Germaine.jpg Infirme de la main droite, elle souffre d'écrouelles, adénite cervicale chronique d’origine tuberculeuse, et passe ses journées à garder les moutons. La petite Germaine meurt à 22 ans. À la suite de nombreux miracles, celle qu’on appelle la bergère toulousaine sera canonisée par Pie IX  en 1867. Une basilique lui est dédiée à Pibrac où est organisée une semaine de festivités  et de dévotions qui  attirent les foules, autour du 15 juin, jour de la fête de sainte Germaine.

Le P. Marie-Antoine, avec quelle tendresse, quelle poésie  il parle d'elle! Parce qu’elle fut humble, et pieuse, et douce, parce qu’elle fut pauvre, et charitable, parce qu’elle fut haïe et persécutée, lui le moine ami des pauvres, des souffrants et des petits, est devenu, il est depuis toujours, un ami plein de tendresse pour la bergère de Pibrac morte à 22 ans deux siècles plus tôt.

Le P. Marie-Antoine aura bien d’autres occasions de témoigner sa dévotion pour celle qu’il appelle « la violette embaumée », « une pierre précieuse taillée par l’Esprit Saint, loin de tout regard et sans secours humain »,  « l’humble fleur des champs, si chère au cœur des Toulousains, qui répand déjà son parfum printanier dans l’Eglise universelle » . Et il n’est pas de retraite à l’adresse d’adolescentes où il ne parle avec un même amour, de Bernadette de Lourdes et de Germaine de Pibrac.
 
Une vue de la vaste chapelle Sainte-Germaine à l'église Saint-Aubin. On peut y découvrir les superbes vitraux représentant la Béatification de sainte Germaine par Pie IX (notre photo) et Sainte Germaine accueillie parmi les saint protecteurs de Toulouse. Le tableau représentant le miracle des fleurs (notre photo), pendue pour la bénédiction de la chapelle, deux superbes bas-reliefs de Giscard ainsi qu'une sculpture représentant sainte Germaine glorifiée, au-dessous de l'autel. Et au-dessus de l'autel, la statue de sainte Germaine par Falguières.


Tant à Rome qu'à Toulouse, le P. Marie-Antoine est l'élément moteur de l'organisation des fêtes triomphales qui marquent sa canonisation.« Soulevé par l’ardeur du peuple, il monte à de telles hauteurs qu’il n’en descend jamais », écrit un contemporain. L’événement capital de ces fêtes est la translation solennelle d’une relique de la Sainte –une parcelle de son précieux corps-, de la cathédrale où, durant trois jours, elle a été vénérée et où le saint apôtre de Toulouse, saint Saturnin, est venu la chercher, jusqu’à la Basilique dont elle va augmenter le riche trésor. Le peuple de Toulouse suit, sous un chaud soleil attisé par le vent d’autan, dans une marche triomphale.

Très naturellement, pour le premier anniversaire de sa canonisation, une statue de la bergère va trouver sa place au couvent des Capucins de la Côte Pavée. Durant toute une journée, ce sera un pèlerinage incessant dans l’église devenue, par une habile décoration, «une vaste salle du trône, où Germaine donne ses audiences ». Journée qui se termine sur un quartier illuminé de mille feux.

La dévotion du Père Marie-Antoine pour Germaine la bergère ne tiédit jamais. Maintes fois il organisa à Pibrac de superbes pèlerinages, prêchant sainte Germaine devant ses reliques, dans l’église de Pibrac, ou sur la place, en plein air, pour des foules incroyables. Quand il se fit, après sa rencontre fin 1892 avec Louise Bouffier, la lingère de Toulon, et jusqu’à sa mort, « le commis-
voyageur » de saint Antoine de Padoue à travers la France, il trouvait toujours le moyen de lier le souvenir de l’un à l’autre, dont les fêtes se suivent en juin, le 13 et le 15. Ainsi à Saint-Genest de l’Albanel dans le Tarn en 1895, l’année du 7° centenaire de la naissance de Saint-Antoine de Padoue, « L’amour ! Mais il est encore là sous nos yeux, avec l’ange de Toulouse, Germaine de Pibrac: Voyez, dans son tablier, le pain des pauvres devient des roses et lorsque la sainte bergère prie devant le tabernacle, la garde est faite autour de son troupeau par l’ange du Seigneur. Ô Germaine, notre Sainte bien-aimée, que de choses dans notre pauvre monde, dans nos paroisses, dans nos âmes et dans nos cœurs il y a à garder et que nous vous confions ! »
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Tout ce qui touchait sainte Germaine le faisait vibrer. Le P. Marie-Antoine donna, sans compter sa peine et les distances, son concours aux manifestations en l’honneur de « sa petite fleur chérie de Dieu ».  Il bénit et érigea en de nombreuses églises la statue de sainte Germaine, à Poitiers ou à Narbonne
 
Germaine-PMA-Narbonne.jpgQuand il prononce, en parlant d’elle, « Ô la suave figure ! », une expression qui lui est familière –ce qui le ravit est toujours suave-, il a une façon à lui de prononcer ce mot : son visage s’éclaire d’un doux sourire, les yeux au ciel, dans l’attitude d’un homme qui entend les plus belles harmonies tout en savourant un rayon de miel ! Les vertus, l’humilité, la simplicité de Sainte Germaine sont pour lui un thème inépuisable de sermons, d’allocutions, d’avis pratiques. Il aime à la montrer aux enfants, à qui il raconte, avec une grâce exquise, le miracle des fleurs. « Il y avait dans ces fleurs, leur disait-il, l’humilité qui se cache : le lis, l’innocence parfaite ; la rose parfumée, l’amour de Dieu. C’étaient les trois vertus de la petite Germaine, ce sont les trois vertus des enfants sages ». Aux pèlerins de l’église de l’Immaculée Conception, Faubourg Bonnefoy à Toulouse : « Germaine a marché sur les pas de la Vierge Immaculée, et ces deux fleurs de Dieu se ressemblent ». D’autres fois, son esprit ingénieux et fécond trouve en David un berger à la bergère. Tous deux ont eu leur Goliath, le sien c’est l’impiété moderne. Tout en gardant son troupeau, la petite Germaine a ramassé dans le fond du ruisseau cinq petits cailloux ; ce sont les cinq vertus : simplicité, humilité, pauvreté, abnégation et charité. Elle les jette au front de ce géant plus arrogant que Goliath, et le couche dans la boue. Car ma puissance, dit le Seigneur Dieu, se déploie dans la faiblesse.
 
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Sainte Germaine lui réserve
son dernier triomphe oratoire

C’est en 1898 à Pibrac que sa bergère bien-aimée, et reconnaissante, lui fera connaître son dernier  triomphe oratoire. Une belle histoire, qui commence l’année précédente.

Le dimanche 24 octobre 1897, le P. Marie-Antoine arrive à Cornebarrieu, près de Toulouse, pour y présider une cérémonie peu banale. La nuit tombée, une procession aux
flambeaux se dirige vers la prairie de M. de Malefette, et s’arrête devant un arbre tout enguirlandé. Après une allocution de circonstance, le Père bénit l’arbre et donne le premier coup de hache au pied du tronc. Le Père Lansac, curé de Cornebarrieu, et grand ami du célèbre Capucin, se charge du reste. Transformé en une belle croix de six mètres, l’arbre est porté à Jérusalem par un groupe de Toulousains participant au pèlerinage national annuel.

Le 15 juin 1898, fête de sainte Germaine,  la croix est érigée solennellement sur la place, à côté de l’église de Pibrac. La foule des pèlerins est immense, accourus de toute la région. Le P. Marie-Antoine est là pour achever l’oeuvre des paroissiens de Cornebarrieu. Une procession est organisée dans les rues du village. La châsse de sainte Germaine se porte à la rencontre de la croix, sur les épaules de prêtres et de laïques. Elle est dressée sous d’immenses acclamations. Le P. Marie-Antoine apparaît. « Il porte sur ses épaules courbées, relate la Semaine Catholique de Toulouse, le poids d’un demi-siècle de labeur, et les ans ont creusé sur son visage des rides profondes qui le montrent plus énergique encore, plus vénérable, mais toujours sympathique et bien attachant. Il se redresse et parle fièrement ». Cette éloquence dont il a le secret, comprise de tous, où chaque homme, chaque femme se retrouvent, et qui fait vibrer les coeurs. Il conte l’histoire de la croix, de Cornebarrieu à Pibrac, en passant par le Calvaire et le Saint-Sépulcre. Il conte la glorification de Germaine à Rome et dans le monde. Les mots se pressent sur ses lèvres inspirées. «Cette croix à Pibrac, c’est la croix de Germaine, la croix  qu’elle porta dans son cœur et dans son corps chétif. Croix de la maladie, croix de la patience, croix de la modestie et de la pénitence, croix qui est aujourd’hui sa gloire. » Et la foule d’acclamer la croix de Jérusalem, la croix de Toulouse pour finir avec un vibrant : « Vive, vive sainte Germaine ! »

 
 LA BELLE HISTOIRE DE LA PLAQUE DE L'ÉGLISE SAINT-AUBIN

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Le Père Marie-Antoine est annoncé dans la paroisse Saint-Aubin à Toulouse. Cela signifie que la vaste église toujours inachevée sera archi bondée. Il prêchera la station du Carême chaque jour à 7 heures 30 du soir à partir du dimanche 2 avril de la Passion  jusqu'au dimanche 9 des Rameaux, après les Complies et de ces cantiques si entraînants qu'il emporte avec lui dans ses missions. Et le lundi  de Pâques 17 avril, Monsieur le curé Montels a prévu d'inaugurer, et bénir, la chapelle  de son église dédiée à sainte Germaine, la petite bergère tant aimée des Toulousains qui attendent avec impatience sa canonisation. On parle d'un décret qui ne vient pas, le décret de Tutò procedi posse, indispensable. Voilà déjà onze ans que Germaine est béatifiée.

Or, dans cette paroisse de Saint-Aubin, "Madame G., d'un âge assez avancé, bien connue ici, domiciliée rue Caraman, est en proie depuis environ deux ans, à un mal extrêmement douloureux à la tête et plus particulièrement autour de l'œil gauche. La permanence et le développement de ce mal épuisent les forces de la malade et l'ont obligée à se mettre au lit où elle est clouée depuis près d'un an. Les douleurs ont maintenant envahi son corps entier, mais gardent leur acuité autour de l'œil, mettant la malade dans l'impuissance à supporter la lumière.  Aux douleurs se joignent la privation de sommeil, l'incapacité de prendre la plus légère nourriture et une telle prostration, que tout le monde, les parents, les voisins, les Sœurs de Saint-Etienne, qui sont venus le dimanche 2 avril témoigner à cette famille leur intérêt, sont unanimes à regarder sa fin comme proche. Et puisque la paroisse va bientôt faire fête à sainte Germaine après avoir concouru à l'érection de la chapelle, on commence une neuvaine en son honneur pour le soulagement de la malade. Cependant, le 4 avril, son confesseur doit venir lui porter les derniers sacrements".
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Lorsque le Père Marie-Antoine est venu visiter la malade comme il a coutume de le faire quand il prêche dans une paroisse, il a fortement encouragé son entourage à entamer une seconde neuvaine, et à ne surtout pas perdre confiance, Germaine ne pouvant être insensible à ses prières et à ses souffrances. "Tandis qu'on continue de la prier, ce qui va suivre surpasse toute attente. Le jeudi 6 avril, sur le soir, la malade tombe soudain dans un profond sommeil que l'on prend pour le sommeil avant-coureur de la mort. Au bout d'une heure, elle se réveille et dit à ses enfants qu'elle vient d'être guérie par l'intercession de la Bienheureuse Germaine, qu'elle se lèvera et prendra son repas le lendemain. Ce qui s'est passé à la lettre. Trois jours après, dimanche des Rameaux, la nouvelle convalescente fait elle-même, aux personnes qui viennent la féliciter, les honneurs de sa maison."
 
"Le lundi de Pâques, au moment où l'on va bénir la chapelle en l'honneur de sainte Germaine, plusieurs paroissiens qui se pressent à l'intérieur de l'église Saint-Aubin, peuvent s'étonner de voir une femme vêtue de noir et suivie de ses deux filles, traverser rayonnante la foule et aller occuper dans la chapelle même un siège préparé pour elle. Qui donc est cette privilégiée? Cette femme est Mme G. qui vient remercier Dieu de la grâce qu'il lui a accordée par l'intercession de la Bienheureuse Germaine."
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Un récit publié par la Semaine Catholique de Toulouse du 30 avril 1865, sans doute du P. Marie-Antoine lui-même qui avait ses entrées au journal dirigé par son ami curé de Saint-Sernin, le Chanoine Albouy. Un récit qui oublie les instantes prières du missionnaire, sa présence près de la malade, ce temps privilégié d'une retraite de Carême pour la paroisse. "Les détails nous ont été fournis par un prêtre de notre ville aussi recommandable par sa science que par sa piété et qui a vu de ses yeux ce qu'il va lui-même nous raconter..." La gloire du miracle doit revenir à sainte Germaine seule.
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Le curé de Saint-Aubin, l'abbé Montels, montrera la même humilité discrète quand, voulant honorer sainte Germaine, mais aussi celui qui est venu si bien parler  d'amour et d'espérance à ses paroissiens sans leur ménager son temps, il fera réaliser avec leurs offrandes la belle plaque que l'on peut encore admirer sur le pilier central de la chapelle de sainte Germaine:

"A LA B. GERMAINE. CHAPELLE DÉDIÉE PAR LA PIÉTÉ DES FIDÈLES ET INAUGURÉE PAR M. LE CURÉ DE CETTE PAROISSE LE 17 AVRIL 1865". -
"SOUVENIR DE LA STATION PRÊCHÉE PAR LE R.P. MARIE-ANTOINE CAPUCIN" -
"A LA B. GERMAINE POUR UNE GUÉRISON OPÉRÉE DANS LA PAROISSE SAINT-AUBIN LE 6 AVRIL 1865"






     

Le Père Marie-Antoine en 1865.
Il a 40 ans.




 
  • Les miracles... parlons-en avec le P. Marie-Antoine  (Cliquer ici)
 

 


Catégorie : - Gros plans sur sa vie
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