Les prêtres... parlons-en avec le P. Marie-Antoine

PAROLE D'APÔTRE

Les prêtres... parlons-en avec le P. Marie-Antoine!1


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Après que le peuple eut été rassasié, Jésus dit à ses Apôtres de recueillir les fragments qui restent encore, et les Apôtres en recueillent douze corbeilles. Circonstance symbolique, et nombre mystérieux, s’écrie saint Augustin. C’est qu’après nous avoir rassasiés du pain Eucharistique, Jésus ne nous quitte pas, il reste avec nous par sa présence sacramentelle, pour être le trésor ineffable de notre vie et nos consolations, et c’est dans les mains de ses Apôtres et sous la garde de ses prêtres qu’il veut rester. A eux sont réservés des secrets célestes et des grâces particulières que n’ont pas les fidèles, mais aussi des devoirs plus grands et une immense responsabilité.

Jésus, qui est seul le salut du monde, est venu sur la terre par Marie-Immaculée et a été offert sur la croix par Marie-Immaculée. Ce qui a été accompli une fois à Bethléem et sur le Calvaire se continue chaque jour au saint sacrifice de la Messe: là le prêtre remplace Marie2. Seul, debout à l'autel, tandis que les anges tremblent et adorent, il contemple dans ses mains le même Jésus que Marie contemplait à Bethléem, et il immole, pour le salut du monde, le même Jésus que Marie immolait sur le Calvaire. Grâce au sacerdoce catholique et au saint sacrifice de la Messe, l'Incarnation et la Rédemption ont ainsi acquis un état permanent.

Marie ne peut délivrer toute seule
le pauvre pécheur, elle peut prier pour lui, implorer miséricorde pour lui, mais elle ne peut effacer un seul de ses péchés, le prêtre seul a ce pouvoir admirable. "Tous les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez". Les anges et Marie, la Reine des anges, envient au prêtre ce privilège, et Dieu lui-même, ayant remis dans ses mains les clés de la miséricorde, ne peut rien faire sans lui: "En vérité, je vous le dis, quand vous lierez quelque chose sur la terre, au ciel on ne pourra pas le délier". Il est donc certain, et c'est  une vérité de foi, que sans le ministère du prêtre, les péchés ne peuvent être remis. Ce n'est que lorsqu'il y a impossibilité matérielle de recourir aux prêtres que la contrition parfaite, c'est-à-dire la douleur immense d'avoir offensé Dieu, fondée sur les motifs de pur amour, peut suppléer à son ministère.

La plénitude de tous les biens, c'est le sacrifice de l'autel, c'est le pardon des péchés, c'est la communion, et c'est par les mains du prêtre seul que Marie-Immaculée les fait arriver jusqu'à ses enfants. Quelle grandeur, quelle sublimité de la mission du prêtre! Nous comprenons pourquoi Satan, qui est l'ennemi acharné de l'homme, est l'ennemi acharné de la religion catholique qui seule possède l'autel, la confession et la table sainte. Pourquoi il est l'ennemi acharné de la Vierge Immaculée, par qui seule ces biens sont descendus sur la terre, et aussi du prêtre catholique qui seul peut nous les distribuer. Cette triple haine de la religion catholique, de la sainte Vierge et du prêtre catholique, a toujours été la marque infaillible des fils de Satan, et elle l'est aujourd'hui plus que jamais.

Souviens-toi que le prêtre est le ciboire vivant du Christ et le ciel de son Eucharistie, et ce n’est que par là qu’il est la lumière du monde et le sel de la terre.

Qu'aucune ombre même, ou une seule apparence, de désobéissance apparaisse dans tout le cours de la vie sacerdotale d'un prêtre, qui tient tous les jours dans ses mains la Victime d'obéissance!

"Si je trouvais un ange et un prêtre, je me mettrais d'abord à genoux devant le prêtre, disait notre séraphique Père François, et puis ensuite je saluerai l'ange."

Le prêtre, en définitive, qu'est-il? Par sa naissance il est presque toujours l'enfant du peuple, et par sa vocation il est par excellence l'ami et le bienfaiteur du peuple, en même temps qu'il se trouve par son éducation l'égal des grands. Il est ainsi le père de tous et tous se rencontrent en lui. Êtes-vous dans la peine, dans la souffrance, dans la désolation, c'est lui que vous avez le droit d'appeler et qui a le devoir de venir. Pour être plus libre de voler vers vous, il n'a pas de famille. Eh bien, c'est ce prêtre que vous détestez, que vous voulez détruire, anéantir. Non, ce n'est pas vous qui faites ces choses: laissez-moi respectez en vous la nature humaine, qui fait que vous êtes mon frère, et laissez-moi détester en vous Satan, qui fait que vous êtes mon ennemi.

Mais n'y a-t-il pas de mauvais prêtres? On vous accorde qu'il puisse y en avoir. Au milieu des Apôtres, Dieu a permis qu'il y est un Judas. Un homme intelligent ne s'arrête pas là. Ce n'est pas un tel prêtre en particulier qu'il regarde, c'est le sacerdoce en général, c'est le caractère sacerdotal, c'est l'institution divine. Or, ainsi considéré, je vous défie de trouver rien de plus beau sur la terre! Saint Louis le considérait ainsi: "Quand je vois un prêtre, disait-il, je ne vois pas l'homme, je vois son caractère divin, je vois Dieu même, et si on me parle de ses défauts, c'est avec mon manteau royal que je veux les couvrir."

Il faut que les hommes de France trouvent dans le prêtre un véritable ami, il faut qu'il n'y ait sur les lèvres du prêtre d'autre parole que la parole d'amitié. Jésus n'a-t-il pas dit: "Je ne vous appelle pas mes serviteurs, je vous appelle mes amis? C'est par l'amour, et l'amour d'amitié, que Jésus a réussi à conquérir le monde. C'est par l'amour, et l'amour le plus tendre, qu'il l'a fait entrer en possession de la liberté, de l'égalité et de la fraternité chrétiennes. Jamais de liberté plus grande que celle qu'assure l'amitié. Jamais égalité et fraternité plus parfaites que celles qu'assure l'amitié: il ne veut pas, en effet, qu'on se contente de traiter son frère d'égal à égal, il veut qu'on devienne son serviteur, qu'on se mette à ses pieds, qu'on lui lave les pieds. Il l'a dit et il l'a fait. Le jour où chaque homme de France trouvera dans le cœur, dans la parole et dans le dévouement du prêtre, le cœur, la parole et le dévouement de Jésus, la tendresse, l'amitié de Jésus, les hommes de France reviendront à Jésus et la France sera sauvée.

Le prêtre tient dans ses mains le sort de la société. Quand le sacerdoce grandit en sainteté, la société grandit. Quand il y a décadence, c’est que la lumière du monde n’éclaire plus, et que le sel de la terre ne sale plus. Quand les ténèbres se font sur la terre et que l'humanité se corrompt, c'est que le sacerdoce lui a manqué.

"Quand les peuples se retirent des pasteurs, a dit Léon XIII, il faut que les pasteurs courent après les peuples". Allez-y avec courage et surtout avec amour. "Je suis venu apporter le feu, a dit Jésus, et je veux qu’il brûle." Vraiment, ce sont des prêtres de feu, des cœurs de feu, qu'il nous faut aujourd'hui.


Le ministère du prêtre: Catéchiser, prêcher, administrer les saints sacrements, visiter les malades, tout cela ne suffit plus. Cela suffisait autrefois, quand le peuple venait au prêtre de lui-même. Cela ne suffit plus aujourd'hui que le peuple s'en éloigne. Le prêtre qui ne veut faire que le ministère ordinaire verra bientôt son église désertée, surtout par les hommes. « Il faut, dit le cardinal de Reims (S.E. Benoît Langénieux), que le prêtre sorte de l’église par l’apostolat et surtout par l’apostolat des associations et des œuvres. Il faut qu'il sorte, malgré tout, du cercle d'impuissance où l'on veut l'enfermer: les associations et les œuvres sont l'effort désespéré du pasteur. Il faut qu'il fasse cet effort pour lutter, pied à pied, contre le mal. Il faut qu'il le fasse sous peine de voir périr sa paroisse. Il faut pour cela qu'il tende la main à toutes les bonnes volontés, et qu'il s'assure le concours de tous, hommes et femmes, riches et pauvres, patrons et ouvriers."

La parole divine est le grand filet donné au prêtre par le Seigneur pour faire la conquête des âmes et établir son règne ici-bas. Mais cette puissance sur les âmes n'est ni promise, ni donnée aux vaines subtilités d'une orgueilleuse philosophie. Au contraire, saint Paul nous le prouve, elle lui est alors entièrement et très justement enlevée. Dieu peut-il permettre, en effet, que sa parole, qui n'est, en réalité, que lui-même, devienne une pâture pour l'orgueil de celui qui prêche et une vaine curiosité pour celui qui l'entend? Méditons ces belles paroles de saint François de Sales: "Quand vous prêchez, ayez en grande considération la condition des esprits et les besoins de votre temps. Gardez surtout, et avant tout, l'évangélique simplicité". Le catéchisme, expliqué par l'Evangile, est bien plus beau que les plus grands discours.

Si le prêtre doit aller au peuple, s’il doit s’intéresser à tous ses besoins spirituels et temporels, s’il doit lui prêcher avec une simplicité et une charité tout évangéliques, s’il doit, en un mot, se faire tout à tous pour les gagner tous à Jésus-Christ, il faut, d’un autre côté, qu’il prenne bien garde de ressembler à tous. Il doit condescendre, mais jamais descendre. Et, hélas ! la nature humaine est si portée à descendre ! Il doit relever la société frivole, dans laquelle nous vivons, jusqu’au niveau chrétien qu’elle a perdu, mais il ne doit jamais se mettre lui-même au triste niveau de cette société corrompue : n’est-il pas la lumière du monde et le sel de la terre ? Plus la société devient païenne et futile, plus la vie du prêtre doit être une protestation vivante. Plus il doit réagir et ne rien prendre d’elle, ni dans ses habitudes, ni dans ses allures, ni dans ses mœurs, ni dans son ameublement, ni dans sa mise, ni dans sa tenue, ni dans son langage. « Vous n’êtes pas du monde, a dit Jésus-Christ à ses apôtres et à ses prêtres, et vous ne devez lui ressembler en rien ». « Pour le peuple, dit le grand Apôtre, le prêtre doit toujours être un idéal de sainteté, et l’exemple vivant de toutes les vertus. Il faut qu’il soit pour lui comme un ange terrestre et comme une vision de Dieu : Homo Dei, et jamais l’homme du monde".

Il faut qu’on ne puisse jamais dire du prêtre : « Le prêtre est un homme comme un autre ».


La mesure de l’estime et de l’amour du peuple pour le prêtre est, et sera toujours la mesure de l’esprit de piété et de prière qu’il trouvera dans le prêtre. Qu’importe l’éclat du culte, s’il y manque l’âme de la piété et l’âme de la prière ?

"Le chrétien, a dit le cardinal Pie, et à plus forte raison le prêtre, n’est pas l’homme qui s’isole. C’est l’homme public et social par excellence. Son surnom l'indique, il est catholique et universel." Et, comme l'Eglise catholique, il doit être militant: aucun des perfectionnements, aucune des conquêtes de la science ne peuvent lui être étrangers. Il doit se tenir au courant de tout. Rien n'est difficile à l'amour. N'oublions pas toutefois qu'il ne suffit pas de vouloir, il faut aussi savoir. De là l'indispensable nécessité dans les grands séminaires de préparer le clergé aux œuvres populaires par des études spéciales très consciencieuses et très complètes.

Le prêtre a trois choses à scruter sans cesse : Sa conscience pour la purifier et la sanctifier, la sainte Ecriture pour s’illuminer, les évènements et les hommes pour les bien connaître et les bien diriger, car le clergé a cette mission sublime. Il doit travailler à demeurer toujours une autorité que l'on consulte, que l'on écoute, qui dise un mot décisif sur toutes les questions d'ordre religieux, intellectuel et social, et avec lequel l'opinion publique sache qu'il faut compter. Pour cela il faut travailler et travailler beaucoup.
Sois plus grand que la terre, sois plus grand que toi-même!

Comme au temps des apôtres, il y a tout un monde à conquérir à la croix de Jésus ; il y a toute une France à refaire. Il faut des saints, il faut des saints ! Si nous croulons, c’est qu’il n’y pas eu assez de saints prêtres. Il faut des prêtres de taille divine, et non de taille bourgeoise et mesquine. Il nous faut des géants!

Il faut maintenant à l'Eglise et à la France un sacerdoce trois fois grand: grand par la piété, grand par l'intelligence, grand par le sacrifice. Que la Mère de Jésus et la Reine du clergé nous donne à tous cette triple grandeur!


Le clergé doit voir les choses de très haut pour bien s'orienter, et, comme un phare placé sur les hauteurs, il doit diriger l'humanité qui navigue toujours au milieu des tempêtes. Il doit prêcher bien haut que toute question politique est une question religieuse.

Ne crains pas, Dieu fera tout en toi. Il te donnera avec prodigalité, et à l'heure voulue, tout le nécessaire et tout le surabondant. Il te donnera intelligence, santé de l'âme et du corps, sainteté, vertu, courage, force et victoire. Oui, si tu es mort en toi-même, aimant la volonté de tes supérieurs parce qu'elle est la volonté de Dieu, Dieu te fera voler dans la voie sacerdotale et apostolique. Cependant, il  y laissera toujours le serre-frein de l'humiliation, de l'épreuve, de la mortification et de la souffrance, sans lequel on déraille toujours.

A son neveu Joseph, futur prêtre:
Que nos deux messes chaque jour n'en fassent qu'une comme nos deux cœurs. Quand j'aurai le bonheur de te voir à l'autel, je pourrai chanter mon grand cantique et puis mourir en paix. Le sang qui coule dans mes veines continuera d'être divinisé. Je commencerai ma vision du ciel dans tes mains consacrées, qui continueront d'être mes mains, et dans ton cœur de prêtre, qui continuera d'être mon cœur. Ainsi j'entrerai dans mon éternité sans voir le sacrifice interrompu. Je t'assisterai dans ton entrée dans la vision de la terre, et tu m'assisteras dans mon entrée dans la vision du ciel.


 
1. Cette page est tirée des œuvres du P. Marie-Antoine Le Lis Immaculé (suite), La Sainte Amitié, Le Clergé et le Peuple (suite), et les Lettres du P. Marie-Antoine à sa famille (suite).
2. Quand le célébrant prononce les paroles de la consécration, il agit bien sûr "in persona et in nomine Christi". Mais quand il regarde et adore le Christ dans l'hostie, il peut, dans le cœur des fidèles présents, "remplacer" Marie, la première et la plus parfaite adoratrice de son Fils.






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