Le pape... parlons-en avec le P. Marie-Antoine
PAROLE D'APÔTRE
Le pape... parlons-en avec le P. Marie-Antoine!1
A part la divinité, qui est incommunicable, Jésus-Christ a communiqué au Pape tout ce qu’il a lui-même comme chef divin de l’Église et par conséquent, avant toute chose, son Infaillibilité puisque c’est ce qu’il y a de plus indispensable pour bien gouverner l’Église.
Dieu aura fait pour l’humanité sur la terre tout ce qu’il peut faire. Il aura glorifié la femme, si humiliée par Satan, jusqu’à affirmer lui-même qu’une femme est Mère de Dieu et Vierge Immaculée. Il aura glorifié l’homme, tellement trompé par Satan, jusqu’à affirmer lui-même qu’il y a un homme sur la terre infaillible comme Dieu.
Ce n'est pas vous qui faites l'élection de mes pontifes, dit le Seigneur, c'est moi qui la fais.
Les Papes sont les Pères de l'humanité. Leur nom le dit, et il le dit avec la plus ineffable tendresse: Papa c'est le cri de l'enfant qui appelle son père. Les papes portent l'humanité, comme le père porte son enfant. Les papes sont les pères nourriciers de l'humanité qui ne peut se nourrir que de vérité, de vertu et de liberté. L'humanité est malade, elle a besoin d'un médecin pour la guérir et d'un cœur toujours prêt à lui pardonner, les Papes sont les médecins des âmes et ils pardonnent toujours. L'humanité a surtout besoin qu'une main paternelle vienne tarir ses larmes et soit toujours levée pour la bénir, les Papes consolent et bénissent toujours. Grande et sublime mission de la papauté!
L’Infaillibilité du Pape est aussi la cause de l’humanité, elle en est la sublime gloire. Par elle l’humanité est comme transfigurée et déifiée, puisque dans la personne de Pierre et de ses successeurs elle participe à l’Infaillibilité de Dieu même.
Qui méritait plus que Jean le bien-aimé de Jésus, la gloire du pontificat suprême, et cependant Jésus a choisi de préférence Pierre, quoi qu’il sût bien qu’il aurait la faiblesse de le renier trois fois, et cela pour enseigner à la terre que le privilège de l’Infaillibilité pontificale, quoiqu’elle soit admirablement rehaussée par les vertus personnelles des Papes, ne dépend nullement de leurs vertus, pas plus qu’il ne peut être nullement altéré par leurs défauts et leurs chutes.
La valeur intellectelle et morale des Pères du Concile, leur héroïsme, leur sainteté, ne constituent nullement ce que je pourrais appeler l’essence de leur autorité conciliaire, ce n’est pas là ce qui les rend conciliairement infaillibles. Dès qu’ils sont réunis en Concile, sous la présidence du Pape, leur infaillibilité conciliaire vient de plus haut, elle est un fait surnaturel et la conséquence d’une promesse formelle de Dieu qui s’est engagé lui-même à assister toujours son Église pour la présider invisiblement, et parler lui-même par la bouche du Souverain-Pontife et de la majorité des évêques unis à lui et formant un Concile.
L’Infaillibilité, c’est le privilège divin de ne pouvoir se tromper dans l’enseignement des vérités qui concernent la foi et la morale chrétienne. Il y a des gens qui ont une notion vraiment étrange de l’Infaillibilité doctrinale ; ils s’imaginent que le Concile prétend définir que le Pape est parfait, ou que le Pape est infaillible toujours et en tout, même dans les ordres qu’il lui plairait de donner à son laquais ou à son valet de chambre, ou enfin que le Pape, une fois déclaré infaillible, pourra proposer à la foi de l’Église une opinion quelle qu’elle soit et qu’il lui suffira d’un acte de sa volonté pour imposer à la croyance de trois cents millions d’hommes une idée qui lui passe par la tête. Cette notion de l’Infaillibilité est souverainement ridicule. L’Infaillibilité ne rend nullement les Papes sans péché Le Pape, dit Grégoire XVI, n’est ni parfait, ni infaillible en tout et pour tout, et il ne peut proposer à notre croyance que ce qui est révélé de Dieu ; or la révélation divine est contenue dans la Sainte Écriture et dans la tradition. Ce que renferme ce double enseignement peut seul être l’objet d’une définition dogmatique, et l’Infaillibilité doctrinale du Pontife romain, qui repose sur une assistance surnaturelle de l’Esprit-Saint, ne lui permet pas de déclarer comme étant révélé de Dieu ce qui ne l’est pas en effet.
Il n’y a dans l’Église qu’une seule et même Infaillibilité qui est celle de Jésus-Christ communiquée par lui tout entière au Pape, et par le Pape distribuée à toute l’Église. Comme il n’y a qu’une seule sève dans un arbre, partant de la racine, se communiquant tout entière au tronc et se distribuant du tronc dans les branches principales et secondaires et, passant par elles, jusque dans les feuilles, les fleurs et les fruits. Cet arbre mystique, c’est l’Église catholique dont Jésus-Christ est la racine, le Pape le tronc, les évêques les branches principales, les prêtres les branches secondaires et les feuilles, les fidèles les fleurs et les fruits. Cet arbre étant toujours complet et toujours chargé de feuilles, de fleurs et de fruits, le tronc n’est jamais séparé de la racine ni les branches du tronc. Ainsi le Pape n’est jamais séparé de Jésus-Christ, ni les évêques, ni les prêtres, ni les fidèles du Pape. C’est le miracle perpétuel de l’unité toujours vivante de l’Église catholique.
Le Pape, successeur de Pierre, est le chef suprême de la hiérarchie. Tout l’édifice de l’Église repose sur lui : Tu es Petrus, etc. il est personnellement infaillible. Et il est de plus le pivot de l’Infaillibilité de l’Église toute entière. L’Infaillibilité est donc inhérente à la charge du Pontife suprême parlant et opérant comme chef de l’Église entière ; à lui seul il appartient d’enseigner tout le monde. Et il n’est soumis au magistère de qui que ce soit, docet et non discit. Son Infaillibilité est tout active, comme disent les théologiens.
« La cause du Pape est la cause même de l’épiscopat, parce que, disait Bossuet après Avit évêque de Vienne au temps des Gaules, quand le Pape, qui est le chef de tous les évêques, est attaqué, ce n’est pas un seul évêque, mais l’épiscopat tout entier qui est en péril. »
Avant le Concile du Vatican, l’Église vivait de l’Infaillibilité du Pape, et elle y croyait si bien qu’elle n’avait pas besoin de défendre cette croyance. Mais depuis environ deux siècles, certains ayant voulu formuler une opinion contraire, l’Église se voit obligée d’affirmer sa foi traditionnelle, et comme elle ne pouvait définir cette question que dans un Concile œcuménique, on conçoit que la définition dogmatique de cette grande question soit la principale mission de ce Concile.
Ouvrez l’histoire des grands Conciles et vous verrez dans chacun d’eux un dogme principal mis en lumière, un mal profond guéri, un danger menaçant écarté, et cela toujours par l’affirmation et la définition dogmatique d’une grande vérité.
1. Cette page est tirée des œuvres du P. Marie-Antoine Le Concile du Vatican et l'Infaillibilité (suite), Le Salut par le droit chrétien et l'obéissance au Pape, La Sainte Amitié, A Pie X le Père des peuples pour son joyeux couronnement, Le Clergé et le Peuple (suite), et les Lettres du P. Marie-Antoine à sa famille (suite).