Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
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7. Le Livre des Proscrits

L'ŒUVRE ÉCRITE DU PÈRE MARIE-ANTOINE RÉÉDITÉE


"Quand ma bouche ne pourra plus parler, que ceci parle encore"

 

 Editions du Pech

LE LIVRE DES PROSCRITS

REPORTAGES À CHAUD DANS LA DOULEUR

 

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Le Livre des Proscrits est tout à fait à part dans les écrits du P. Marie-Antoine. On y retrouve, certes, le Missionnaire « jusqu’à la moelle » qu’il a toujours été, avec cet amour, cette foi, cette énergie surhumaine déployés à Lourdes, à Rome ou en Terre Sainte et, de villes en villages, à travers le beau pays de France, apanage de Notre-Dame. Une énergie surhumaine qui voudrait embrasser l’humanité entière pour la donner à Dieu. Ici, il apparaît, d’une tragédie qu’on aurait aujourd’hui du mal à imaginer dans le pays des droits de l’homme, comme un acteur hors du commun du côté des victimes, et un témoin, mieux un reporter, aussi précis que talentueux, que l’actualité presse : l’ouvrage paraît fin novembre 1880, les dernières expulsions dont celles du couvent des Capucins de Toulouse, ont eu lieu du 3 au 8 novembre. Fin décembre, 8 éditions interpellent les consciences, suivies d’autres en 1881. Un éditeur parisien, Victor Palmé, vient, en coédition, au secours de l’important éditeur toulousain, Édouard Privat.

« Nos portes, nos murailles viennent d’être assiégées, elles ont été ébranlées, elles ont fléchi sous le marteau et la hache. Pas nos cœurs. Ils sont trempés comme de l’acier, et nos fronts, grâce au Christ, sont d’airain. Nous sommes sortis de nos couvents le front haut et serein. Ceux qui avaient brisé les portes, baissaient la tête. Ils rougissaient sous les injures, et les fleurs pleuvaient sur nous. Et Dieu était exalté.

« Ils disaient : « Ouvrez, au nom de la loi !... » Moi, je n’ai entendu qu’un mot : « Ouvrez au nom de Satan ! » Et j’ai fermé au nom de mon Dieu. « Resté seul, dans le réduit obscur où il a fallu cacher le Dieu du tabernacle, je priais, je pleurais, et qui n’aurait pas pleuré ? »

 

Mais aussi, sa Protestation solennelle, une parmi beaucoup d’autres sauf que la sienne sera  largement reprise par la presse religieuse à l’étranger. Elles se situent au moment où la police, appuyée par l’armée, doit expulser partout en France, après avoir brisé les portes à coup de haches, chacun des religieux de sa cellule:

 

« Monsieur, ne dites pas : je viens ici au nom de la loi, car c’est la loi elle-même qui proteste contre vous. Elle se dresse ici devant vous dans sa majesté inviolable et elle vous dit : Arrête, malheureux ! Que fais-tu ?

« Tu foules aux pieds tous les droits à la fois, tu violes toutes les lois divines et humaines en profanant la sainte demeure des religieux et en violant le domicile d’un citoyen français. Tu foules aux pieds la liberté sacrée de la conscience et le droit sacré de la propriété.

C’est au nom de ce droit sacré, c’est comme citoyen français que je vous arrête. Vous avez en face de vous un citoyen français. Allez au Capitole, vous trouverez mon nom, Léon Clergue, écrit sur les registres de la mairie. Je suis citoyen Français, né en France de parents Français. Je suis électeur et éligible. Je suis propriétaire légal de cet immeuble dont j’ai toujours payé exactement l’impôt. J’ai acheté moi-même le terrain et j’y ai fait bâtir ce que vous voyez. Voici mon titre, voici mon contrat d’achat passé devant Me Jules Amilhau, notaire à Toulouse, le 18 septembre 1857... » 

 

De ce ballet policier des Proscrits et de leurs témoins et défenseurs, devant une foule impuissante qui n’a que prières, cantiques, vivats et fleurs à offrir, les Jésuites ont ouvert le ban le 29 juin, les Carmes le 16 octobre, les autres congrégations - 35 en tout, formées de 6.000 religieux dans 261 couvents et abbayes - du 3 au 8 novembre. Ceux-ci ont attendu leur tour durant des semaines, des mois. Avec ce livre on apprend, on comprend comment cela a pu se faire. Les mécanismes sommairement mis en place, têtus, déterminés, cédant un jour pour mieux frapper, parfois peu soucieux de légalité : article 7, décrets… en attendant les lois d’un anticléricalisme épanoui de 1901 à 1905.

 

Au-delà du témoignage partagé entre larmes et espérance, ces pages présentent une série de reportages glanés dans les journaux, dans les informations orales de religieux, toutes communautés confondues, sur les chemins de l’exil. La diversité des sources, le tableau très complet des ordres après ce cataclysme, et ses conséquences à long terme, trois index (noms, lieux, congrégations), en font un document inestimable sur des faits aujourd’hui peu connus.

 

Décidément, ce XIXème siècle, qui gêne tant nos contemporains en mal de politiquement correct, n’a pas fini de nous surprendre.

"Le Livre des Proscrits - Reportages à chaud dans la douleur" aux Éditions du Pech, 232 pages, 14,50 €

En vente dans les librairies.  Et à l'APMA sur commande en 7 (cliquer ici)


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