Rodez: la Croix de Mission du Père Marie-Antoine. 5. 1878 Nouvelle Mission de Carême


RODEZ: LA CROIX DE MISSION DU P. MARIE-ANTOINE
 
5. 1878 NOUVELLE MISSION DE CARÊME BÉNIE PAR LÉON XIII, NOUVELLEMENT ÉLU


d'après le P. Ernest-Marie de Beaulieu ("Le Saint de Toulouse", éditions de 1908), et "Lettres à sa famille", du P. Marie-Antoine


On disait des habitants du Rouergue qu’ils étaient les Vendéens du Midi : même foi robuste, même simplicité de mœurs,

même énergie à se conduire en hommes et femmes de bien.

Le P. Marie-Antoine était à l’aise parmi eux. Jusqu’à la fin, ils lui ont donné les consolations et les succès

 dont son cœur de missionnaire avait soif.

(De son biographe et confident, P. Ernest-Marie de Beaulieu)


De retour de Mèze, le Père prêche un nouveau Carême à Rodez, sur cinq semaines. « Le climat y est très rude, écrit-il à sa famille, et il m’a l’air de vouloir trop bien fraterniser avec mes vieilles douleurs de sciatique, mais la volonté de Dieu soit faite. Moi j’y gagnerai pour la patience et le mérite, et le cornu y perdra pour la bataille. »

Léon XIII fraîchement élu envoie au P. Marie-Antoine et à ses auditeurs la bénédiction apostolique.

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                   Léon XIII




















Tombeau du cardinal Joseph
Bourret à la cathédrale de Rodez

                                                                                                                                             

Ses deux premiers sermons seront sur la Papauté. Ce jour-là, l’Évangile donne le récit de la Transfiguration du Christ sur une haute montagne, devant les apôtres qui témoigneront1. Le Père le rapproche de la Papauté et du nouveau pape avec une telle abondance de textes sous une lumière si nouvelle, si imprévue, si brillante, si poétique, si riche en enseignements, que Mgr Bourret, présent, personnage aussi puissant que sévère, vibre d’un enthousiasme qu’il exprime en latin pour le hisser à la hauteur de l’événement : « Nunquam locutus est homo sicut hic homo, personne n’a jamais parlé comme cet homme ! ».

À sa demande, ces sermons de Carême à Rodez sont publiés et vendus au profit de la fondation du futur couvent capucin de Millau2. Ils ont un retentissement considérable.  C’est que le P. Marie-Antoine a son cœur qui saigne en pensant au nouveau pape. Sa situation n’est pas brillante, s’est-il dit tristement dès son élection connue, compte tenu des évènements3. Alors, à sa façon, en preux chevalier il vient à son secours, en l’aimant, en le faisant aimer. Et en écrivant la nuit d’une plume obstinée, comme durant ces semaines de Carême à Rodez.


[1] Mt, 17, 1-13.

[2] P. Marie-Antoine, La papauté et Léon XIII. Discours prononcé à la cathédrale de Rodez, Rodez, 1878, 24 p.

[3] Tandis qu’en France Gambetta a lancé à la Chambre des députés « le cléricalisme voilà l’ennemi » et que le Grand-Orient raye de sa constitution la référence au Grand Architecte de l’Univers et à l’immortalité de l’âme, le Parlement italien a adopté à son tour   des lois  anticléricales. Cette situation n’est pas sans inquiéter les Catholiques et les communautés religieuses. Au mois de septembre, le P. Exupère, provincial des capucins à Toulouse, adresse à tous ses couvents une lettre circulaire. Il s’inquiète de la tempête qui menace les congrégations et ordonne qu’un chapelet soit récité chaque jour en commun après les Vêpres.

 
 


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