Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
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La Vierge du grand clocher: 2. Sète

LA VIERGE DU GRAND CLOCHER


III
A SETE (Hérault)

 
 
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Sète, mars 1869. Dès trois heures de l’après-midi, on commence à retenir les places à l’église Saint-Louis. On monte la faction à tour de rôle plusieurs heures pour garder les chaises prises d’assaut. L’église où le P. Marie-Antoine prêche, quoique la plus grande de Sète, serait-elle dix fois plus grande, ne suffirait pas encore. Il faut séparer les auditoires, tantôt les hommes, tantôt les femmes, et encore on n’en voit jamais la fin.

En montant en chaire le premier jour, il leur a dit : "Vous m’avez appelé, me voici. Je suis venu mener, avec vous, tous les combats à la fois  contre le mal. Vos cœurs, l’Eglise, la France vous invitent à vous enrôler sous le drapeau de la croix, qui est le drapeau de l’amour et de la charité, et à combattre avec moi". Un appel, avec le P. Marie-Antoine, toujours entendu.

Toute nouvelle mission est un poème offert à Dieu. Un jour, passant près d’un chantier, le missionnaire entend des sifflets, des chansons à boire, et divers cris d’animaux qui s’adressent manifestement à lui. Ceux qui l’accompagnent montrent leur indignation, et insultent à leur façon les insulteurs. Un scandale en pleine rue. Sans rien perdre de son flegme, le capucin sermonne, sur un ton très amical, les uns, tout étonnés, et les autres, tout penauds. Chacun écoutant, le Père en profite pour continuer son prône familier en plein chantier, qui finit par la procession des ouvriers venant à tour de rôle baiser son crucifix de mission.

  
Vitrail à la basilique N.D. de la Trinité à Blois.  Représente
    le P. Marie-Antoine en barque aux pieds de l'église Saint-
 Louis et de Notre Dame  qui vient d'être érigée sur le clocher.

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Belle et grande mission où  chacune des trois paroisses de Sète a eu son prédicateur. Toute la ville, si populeuse et si absorbée par les affaires, s’en trouve comme ébranlée. Dans la paroisse de Saint-Louis, où le Père a prêché, plus de mille retardataires sont revenus à Dieu, plus de vingt vieillards ont fait leur première communion.

Dès le premier jour, n’aperçoit-il pas dans l’église, derrière l’autel, une Vierge co-lo-ssale visiblement pas à sa place. On s’empresse de lui en raconter l'histoire. En souvenir de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, la population de Sète a voulu manifester sa foi et son amour en élevant à Marie Immaculée une statue monumentale sur le clocher de Saint-Louis, qui domine la ville et la mer. Une souscription a été lancée, et une statue splendide, de sept mètres de hauteur, en plaques de cuivre repoussé au marteau, est sortie des ateliers du plus habile artiste de Montpellier. Hélas ! l’enfer s’en est mêlé, la souscription a été arrêtée, le clan anticlérical a manœuvré, et le projet a été abandonné.

Du coup, plus monstrueuse, plus noire lui apparaît, à chaque fois que le missionnaire officie face à l’autel, la statue. Et il en est profondément malheureux. "Bonne Mère, si vous voulez bien me seconder, je vous promets que bientôt votre statue sera toute dorée, toute brillante. Avec votre aide, elle aura rejoint le clocher de Saint-Louis pour l’alleluia pascal. Il vous faut, pour qu’on y arrive, Sainte Mère, déployer votre toute-puissance".

Eh bien, elle l’a fait. Que d’obstacles pourtant à renverser ! Obstacles du côté du Conseil Municipal, obstacles du côté de la Préfecture, chassé-croisé de lettres, de messages, de visites… Tout a été enlevé d’assaut, le Père grandement aidé par un curé non moins obstiné que lui, le P. Gaffino, avec qui il s’est rendu à la préfecture de Montpellier. Là, on leur dit, pour les éconduire, que le préfet est absent. Ils devinent la ruse, déclarent qu’ils vont attendre. La Providence les sert bien, car le Préfet, ignorant leur présence, fait à ce moment son apparition, sortant de son cabinet. Le P. Marie-Antoine plaide leur cause, le Préfet, pour se débarrasser des importuns, leur accorde ce qu’ils veulent et donne sa signature. Le Père, radieux, envoie un télégramme à Sète pour annoncer la nouvelle. Les préparatifs sont activés et au jour dit, le samedi après Pâques, l’Immaculée s’est élevée, dorée et brillante, sur le clocher,  au milieu d’alléluias indescriptibles.

 
 Cela s’est passé au lever du jour. Elle sort de l’église belle comme l’aurore, les étoiles brillent enore dans le ciel pur. Au fur et à mesure qu’elle monte, les étoiles disparaissent comme pour faire place à celle qui va être l’Etoile de la mer.

La lune, qui est sur sa tête, pâlit, et le soleil envoie ses premières caresses, comme à la Mère du Soleil de justice.

Et le vent, qui était assez vif avant son ascension, se calme peu à peu, et la laisse prendre possession de son trône aérien dans la paix, le silence et l’admiration du ciel, de la terre et des mers.

Et cette foule immense connait un cœur à cœur indescriptible avec cette divine mère que le Christ sur la croix nous a donnée avant d’expirer.

La foule, le capucin, on court au port, et les voilà dans des embarcations afin de La voir, La saluer de la mer. Quel bonheur pour le P. Marie-Antoine, dans un tel décor, d’entonner le premier l’Ave maris stella !

Depuis ce jour, Marie brille des premiers aux derniers feux du jour, et les marins, qui l’aperçoivent de loin comme un point d’or sur la grise colline, la saluent au passage et l’invoquent à l’heure du danger.




     


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