La Vierge du grand clocher: 3. Lavaur
LA VIERGE DU GRAND CLOCHER
III
A LAVAUR (TARN)
Et on dût laisser faire puisque, le lundi 24 octobre 1904, le clocher était terminé et recevait à son sommet une statue monumentale, en fonte, de l'Immaculée-Conception en même temps que sa première cloche, baptisée Marie-Amélie et offerte par le comte de Burnay demeurant à Lisbonne, bientôt rejointe par une seconde, fondue en 1823 pour le couvent des religieuses de Lautrec. Quelle émotion quand le premier angélus sonna, quelle ferveur quand la première messe fut célébrée. Le rêve d'une vie devenu réalité. Dans ce clocher, le P. Marie-Antoine se ménagea une minuscule cellule où il venait parfois, se préparant sous le manteau de Marie au grand voyage.
Petit Historique de Notre-Dame de Consolation, au Pech
Extrait de « Pèlerinages à Notre-Dame en Pays Tarnais » du P. Gilbert Assémat (1988)
Dominant la plaine de Lavaur, la butte du Pech attire spontanément le regard. Couronnée d'une église dont le clocher est lui-même surmonté d'une statue, c'est le sanctuaire de Notre-Dame de Consolation ou du Pech.
Celui-ci n'existerait pas sans le père Marie-Antoine (1825-1907), capucin, natif de Lavaur. Il fait ses études à Toulouse où il est ordonné prêtre en 1850. D'abord prêtre séculier, il fait profession monastique à Marseille en 1856. Envoyé l'année suivante à Toulouse, il est chargé d'y fonder un couvent de capucins, ce qu'il réalise à la Côte Pavée. Éminent prédicateur, il prêche des missions aux quatre coins de la France, multiplie les retraites, organise des pèlerinages (c'est lui qui donne son impulsion à celui de Notre-Dame de Lourdes, y créant la célèbre procession de la lumière, le soir , fait courir les foules... tout cela avec un tel dévouement, une telle ardeur, de telles qualités, qu'à sa mort on n'hésitera pas à l'appeler le "saint de Toulouse".
Or, le père Marie-Antoine, dans sa fervente dévotion à Marie, veut créer un sanctuaire et un pèlerinage sur la colline du Pech. Projet venu à l'esprit alors qu'il était encore jeune, son père approuvant a mis de l'argent de côté pour financer l'opération. Après des complications qui durent des années, l'achat est assuré.
La colline est acquise le 18 juillet 1898. Après quelques hésitations, les archevêques d'Albi, Mgr Fonteneau puis Mgr Mignot approuvent la création du sanctuaire et du pèlerinage.
Dès le 8 septembre 1900, la statue de Notre-Dame de Consolation est installée dans la grotte de la colline. La chapelle est achevée en juillet 1901 et, en 1904, le clocher reçoit à son sommet une statue de l'Immaculée-Conception.
Entre temps, l'ornementation du sanctuaire s'est poursuivie : Lourdes a offert la grande statue qui était dans la basilique du Rosaire. Un grand crucifix a été apporté du sanctuaire de Quézac dans le Cantal, Assise a fait parvenir un tableau de saint Antoine de Padoue. Les capucins de Chambéry ont donné une grande statue de la Vierge en bois, un Christ à la colonne , exceptionnel, est offert à la vénération des fidèles...
La statue de la Vierge
La sculpture a subi d'importants remaniements altérant sans doute considérablement son aspect. Les rainures du revers montrent qu'il manque le dossier du siège sur lequel la Vierge est assise. Les accotoirs ont été transformés par l'ajout de fleurs de lys anachroniques. Un enduit épais, destiné sans doute à masquer la lèpre du bois ou une polychromie ancienne a fait disparaître (ou du moins à remanier) le drapé des vêtements. L’attribut tenu dans la main droite de la Vierge a disparu, le trou de fixation est resté. La comparaison avec d'autres vierges à l'enfant de même iconographie atteste que Notre-Dame portait vraisemblablement au bout de ses doigts une pomme, rappel du péché originel.
La polychromie moderne reprend peut-être (mais très maladroitement) la polychromie ancienne, à moins que cette œuvre n'ait été à l'origine une Vierge noire, non peinte.
Taillée dans un tronc de chêne dont elle suit la légère courbure, le revers fermé par une planche, ne cherchant pas à respecter les volumes des corps ou les attitudes, cette statue est dans la ligne des vierges romanes. Mais, de facture populaire et naïve, typiquement pyrénéenne, elle n'est sans doute pas antérieure à la fin du XIIIe siècle : la forme des souliers soigneusement sculptés, la représentation des couronnes, permettent seules d'avancer cette datation qu'une restauration pourrait préciser.
La peinture a donné au visage de Marie une certaine tristesse et à celui de Jésus une certaine austérité.
Christ à la colonne.
École bourguignonne début XVI° siècle