Texte à méditer :   Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
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La Béthanie de Bretagne

UNE CHAPELLE NOTRE-DAME DE LA SALETTE À SAINT-POL DE LÉON

D'après "La Béthanie de Bretagne" (1897) et "La Sainte Amitié" (1897) du P. Marie-Antoine
 

LA BÉTHANIE DE BRETAGNE1

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Du premier pèlerinage national en Palestine, le Père ramène deux jeunes tourterelles nichant dans la Tour de David
qu’il confiera à une communauté, et des fleurs qu’il cueille à Gethsémani pour les offrir, séchées dans un livre, à  son neveu. Et une grande, une solide amitié, qu’il chantera maintes fois, en particulier dans le beau livre sur l’amitié qu’il publie en 1897, et dans un opuscule de la même année, La Béthanie de Bretagne. "C’était un fils de la catholique Bretagne, né au fond du Finistère. Il aimait tant la Sainte Vierge et saint Antoine de Padoue ! A la première parole, nos cœurs se comprirent, et les voilà fondus ensemble. Nous faisons, sur-le-champ, comme gage de fidélité, l’échange de nos bâtons de pèlerins".

"Nous avons pris avec la Sainte Vierge, lui a confié Louis Le Breton, car tel est son nom, un engagement réciproque, moi de lui bâtir une chapelle sur la terre, et Elle de me préparer une demeure au paradis. Dès mon retour en Bretagne, je vais me mettre à l’œuvre. Je ne suis ni maçon, ni peintre, ni charpentier, ni serrurier, mais je vais apprendre tous ces métiers".
 

Le P. Marie-Antoine, comme il l’a promis, ira bénir sa chapelle à Guénan près de Saint-Pol de Léon en octobre1895, offrant le premier le Saint Sacrifice.


 Les deux amis.

Son ami de Terre Sainte, son ami de la onzième heure, son ami d’éternité, son ami Louis Le Breton lui  a écrit. "Marie, quand je lui ai parlé de lui offrir la plus belle des chapelles, conçue, élevée et décorée par les plus habiles, je l’ai regardée, quêtant un sourire. Eh bien pas du tout, cela ne semblait pas lui plaire. Alors, je l’ai fixée dans la prunelle de ses beaux yeux, et j’ai tout compris. J’ai compris qu’elle me disait : Pauvre enfant ! Si je ne t’aimais pas tant, tu me ferais pitié ! Tu veux avoir la prétention de me faire bâtir un sanctuaire digne de moi, tant il sera beau. Tu n’as donc jamais fixé de tes yeux le beau trône resplendissant que j’occupe dans le ciel ? Oui, j’ai compris qu’elle m’aimait au point qu’elle préférait l’œuvre de ma maladresse à celle d’ouvriers habiles. Tout ému, je me suis mis au travail immédiatement, oubliant tout, et en particulier mon bras droit ankylosé. C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, la chapelle est terminée. Père, venez la bénir, nous vous attendons".

Quand le P. Marie-Antoine arrive à Saint-Pol de Léon, avec dans ses bagages la statue de saint Antoine et des reliques,  Louis, ses deux sœurs, et une multitude de neveux, plus de cinquante, l’entourent avec leurs petits-enfants. "Heureux l’homme juste qui fleurit comme le palmier, et qui multiplie ses saintes œuvres comme le cèdre du Liban". C’est le thème de son homélie. "A cet homme, à ce juste et à tous les siens, toutes les bénédictions célestes, et à Dieu seul, à Dieu seul, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. Amen".

Quatre mois à peine se sont écoulées depuis la bénédiction de la chapelle. Le P. Marie-Antoine apprend la mort de Louis Le Breton après une courte maladie. "Quelques jours auparavant, pendant que mon ami priait, la Sainte Vierge lui a annoncé qu’elle allait venir le prendre. La tombe donne un ciel au juste qui s’endort. O tendre et saint ami, mon cœur de loin vous voyait tailler toutes ces pierres, et il entendait tous vos coups de marteau. Je sentais que le plaisir qu’éprouvait votre âme à la pensée du bonheur qu’en éprouvait la mienne, doublait vos forces et enflammait votre courage. Mes deux tourterelles, nées sur la tour de David et que j’ai portées de Jérusalem dans notre chère France, me parlaient sans cesse de notre sainte amitié." La Sainte Amitié, c’est le beau livre qu’il publie l’année suivante à Ligugé.

Quelque temps après sa mort, ses deux sœurs lui écrivent. "Mon Père, la bénédiction que vous avez donnée à notre chapelle lui porte bonheur. Monsieur le curé  et tous les prêtres de la contrée se font un bonheur de venir y dire la sainte Messe, et la chapelle ne désemplit pas, déjà de pieux ex-voto couvrent ses murs. Il en sera ainsi pour celle que vous avez le bonheur de faire construire, en l’honneur de Notre-Dame de Consolation, et à laquelle nous vous prions d’offrir les cent francs dont nous plaçons le mandat dans cette lettre". Un geste qu’elles renouvelleront plusieurs fois dans l’année.

C’est que son ami est dans la confidence depuis le premier jour de leur merveilleuse amitié. De cette chapelle au Pech, dans sa ville natale, le P. Marie-Antoine en rêve depuis son adolescence. Heureux le vieil homme qui réalise son rêve d’enfant !

De cette amitié avec Louis Le Breton, le P. Marie-Antoine concluera dans La Sainte Amitié:

 
"Oh! le beau pèlerinage de notre vie, fait ensemble sous l'oeil de Dieu!
Première étape et premier embrassement: Jérusalem!
Deuxième étape et deuxième embrassement: La Bretagne!
Troisième étape et troisième embrassement: le Ciel!"
 

1. "Béthanie était la demeure de Lazare, l'ami de Jésus, et de Marthe et Marie ses sœurs. Les apôtres et les disciples de Jésus y allaient avec délices".
 


LA BÉTHANIE DE BRETAGNE AUJOURD'HUI


Deux lettres que l'on n'attend pas,
et quelques photos d'amateur viennent satisfaire cette curiosité nostalgique du temps passé
qu'éclaire le temps présent.

 
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Du P. Claude Billot, capucin:

"Renseignements pris sur l'existence de la chapelle bénie par le P. Marie-Antoine à Saint-Pol de Léon en 1895, elle est toujours debout. Un prêtre retiré y célèbre la messe chaque jour car elle appartient à sa famille qui a racheté la propriété aux héritiers de Louis Le Breton, le bâtisseur, l'ami du P. Marie-Antoine..."

Et du prêtre, l'abbé Jean Pouchard:

"J'occupe actuellement la vieille maison que m'ont léguée mes parents qui en étaient devenus propriétaires,... après d'autres?

Cette maison et la petite propriété sur laquelle a été édifiée la chapelle avaient été acquises par la famille Le Breton, venant de Morlaix je crois. Cette famille comprenait la mère et les trois enfants, dont Louis Le Breton, ami du P. Marie-Antoine. C'est Louis lui-même, célibataire comme ses sœurs, qui a construit la chapelle, dédiée à Notre-Dame de la Salette."




















Visite du P. Claude Billot à l'abbé Jean Pouchard qui veille à l'entretien de la chapelle avec sa sœur et qui y célèbre chaque jour la messe.


 




 


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