Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
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Leurs trois petits sermons aux parents

                                                                                                                                                                 
  Le Père Marie-Antoine missionnaire des enfants
                                                                                                                                                                 



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Les trois petits sermons aux parents1


 
Dans une de ses instructions le P. Marie-Antoine indiquait les conditions nécessaires pour "gagner" la mission, et les faisait apprendre sur les cinq doigts de la main.

Assistance aux sermons, prière, confession, communion (sacramentelle ou spirituelle), réception de la bénédiction papale. Puis, tout à coup, tandis que son petit peuple tenait les mains en l'air, les doigts bien écartés, lui passait un des doigts de sa main droite entre ceux de la main gauche, et s'écriait: "Voyez, voyez, moi j'en ai six!" Tous les enfants de rire et d'écouter l'explication. C'est une sixième condition. Celle-là n'est que pour vous autres, les enfants. Il fallait deviner et ce n'était pas facile. Cette sixième condition, c'était l'oriflamme. Chaque enfant devait préparer et apporter la sienne.

Avec l'oriflamme, on agrémentait la procession, on acclamait, en la brandissant, Notre-Seigneur et la saint Vierge. Enfin, on portait dans toutes les rues et dans tous les foyers la nouvelle de la mission.

C'était comme de joyeuses cloches de fête, que les enfants agitaient partout et qui disaient à tous, aux grandes personnes, aux négligents, aux pécheurs: "Venez, vous aussi, à l'église, venez entendre la parole des missionnaires, venez prendre part à la joie universelle."


Enfin, le grand jour était arrivé, et rendez-vous était donné à tous les enfants, même à ceux encore portés sur les bras de leur mère, pour la procession du soir.

Trois petits prédicateurs, préparés par le missionnaire, montaient en chaire, et alternant avec des cantiques, disaient au peuple, en un style naïf, ses devoirs envers Dieu, envers le prochain, envers soi-même. Le P. Marie-Antoine avait lui-même composé ces petits sermons, modèles du genre, que tous nos missionnaires avaient adoptés2.

Ils commençaient ainsi: "C'est moi, malgré mon indignité, qui vient au nom du Divin Enfant de la crèche, vous prêcher la première grande vérité. Or, ne l'oubliez pas, quand, à notre âge, on prêche la vérité et qu'on parle au nom du Dieu vivant, on a bien le droit d'être écouté. Soyez donc bien attentifs.

Ils terminaient, après quelques phrases: "Si vous faites ainsi, Dieu vous bénira et vous irez tous en paradis. C'est la grâce que je vous souhaite, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit!"

Après avoir fait prêcher les enfants, les avoir bénis et consacrés à Marie, il ramenait à l'église l'heureuse procession et montait en chaire pour adresser aux parents une allocution toute pratique.
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Éloquent toujours, il se surpassait lui-même en traitant un pareil sujet. Il aimait tant ces enfants et les voyait si exposés aux dangers du monde. Tout son cœur parlait, et son discours préparé par les émotions de la consécration, des prières et des chants, s'élevait à des hauteurs sublimes. Il chantait d'abord et donnait à sa parole un essor lyrique. Il montrait Moïse sur les eaux du Nil, Jean Baptiste dans son berceau, Notre-Seigneur surtout.

Il évoquait le souvenir de Jésus bénissant les enfants, retraçait en termes gracieux cette scène vivante, toute ensoleillée et pleine de sourires. On l'écoutait, le cœur dilaté, et l'admiration, la joie qui rayonnaient sur son visage gagnaient tout l'auditoire des petits et des grands.

Ce visage changeait subitement d'expression, et passait à la colère. L'âme se prenait d'une indicible angoisse. On eût dit que sur le ciel si pur qu'on contemplait quelques instants auparavant venait de passer un nuage, que l'orage grondait, qu'on entendait la foudre. Les yeux de l'orateur lançaient des éclairs, ou plutôt il les faisait jaillir des yeux et du cœur du Sauveur qui, après avoir dit: "Laissez les petits enfants venir à moi", ajoutait tout à coup: "Malheur à celui qui scandalise un seul de ces petits."


         ⇔ Peinture de J.E. Galey 1929

1. "Voix de l'Exil" des Frères Mineurs Capucins de la Province de Toulouse réfugiés près de Burgos. Septembre 1908.
2. On retrouve "les trois petits sermons du P. Marie-Antoine" dans leur entier, parmi quelques autres, dans un ouvrage destiné aux curés et aux missionnaires publié en 1946: "La Mission Populaire. Guide suggestif et pratique" par le P. Athanase de Sadournin, capucin, p.167 à 172.




La petite voiture d'or (suite)
La préparation à la première communion (suite)
 Les deux mendiants du divin amour (suite)

                

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