Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
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e. Associations et presse: un précurseur

etude

Père Marie-Antoine de Lavaur Capucin

Extraite de l’interview de Jacqueline Baylé,

parue dans le Bulletin de Littérature Ecclésiastique, 

de l’Institut Catholique de Toulouse

et réalisée par l’abbé Jean-François Galinier-Pallerola (avril-mai-juin 2012)

associations et presse :

un précurseur

 

Des stratégies d’apostolat apparaissent au début du XXe siècle, qui s'appuient sur les associations et la presse. Pour le P. Marie-Antoine, je dirai que c’est par là qu’il a commencé, dès l‘âge de 17 ou 18 ans. Au Séminaire de l’Esquile à Toulouse, il s’est fait happé –avec enthousiasme- par l’Aa[1]. Il crée d’abord avec ses confrères, l’Amicale de la Confrérie du Saint-Sacrement, pour amener les séminaristes à des temps d’adoration pendant les récréations, puis, avec ses maîtres appartenant à l’Aa, il tire les leçons de 1848 et de la pléthore de clubs et sociétés de secours mutuel qui fleurissent alors. Il devient la cheville ouvrière de l’Œuvre des Petits Savoyards, de l’Association des portefaix et des marchants ambulants, de l’Amicale des Hôpitaux, celle des Prisons, qu’il fonde avec ses amis qui, parfois, le suivent à reculons. Toutes ces associations perdurent, car c’est un organisateur né. Apostolat et entraide des plus éprouvés sont également les buts recherchés. Vicaire à Saint-Gaudens, dès qu’il est ordonné (1850), il y fonde d’abord la Société de Saint-Vincent de Paul, qui connaît un succès inouï. Il est de bon ton d’en être : sous-préfet, magistrats, professeurs, avocats séduits par l’entreprenant vicaire qui les utilisera pour les associations qu’il crée ensuite, l’Association pour la Jeunesse, la Congrégation pour les servantes et les filles de campagne, et celle des Enfants de Marie. Ce sont ces expériences qu’il applique et tente de faire appliquer partout où il passe durant cinquante ans d’apostolat. De même, il fonde à lui seul, ou incite à la fondation d’un grand nombre de confréries du Tiers-Ordre, pour lesquelles il écrira des manuels précis et très complets, qui sont tirés au total à plus de 200.000 exemplaires, connaissant des rééditions jusqu’en 1937, avec une édition abrégée encore l’année suivante.

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Enfin, lorsqu’il se fait, à partir de 1893, le « commis-voyageur » de saint Antoine, en participant au développement, étonnant, de l’œuvre du Pain des Pauvres, il entraîne le chanoine Locatelli à Padoue, promoteur de la dévotion antonienne, au-delà de son Bulletin savant et intimiste, à s’adresser au peuple et de s’en donner les moyens, alors que Léon XIII proclame saint Antoine de Padoue « il santo di tutto il mondo ». L’Association Universelle est créée, se développe de par le monde ; la revue Le Saint aux miracles en est l’organe en France. Antoine Locatelli consacre sa vie et sa fortune à répandre le culte de son illustre patron, le capucin se faisant son précieux auxiliaire : il publie pas moins de dix livres et fascicules, dont Les Grandes gloires de Saint Antoine de Padoue, 1893, tiré, jusqu’en 1931 toutes éditions confondues, à plus de six cents mille exemplaires ![2] 

 

L’idée d’Association universelle reste chère au cœur du missionnaire qui écrie encore en 1902 : « Avant la fin du monde, toutes les nations entreront dans l’unité portée sur la terre par Jésus Christ et continuée par son Eglise. Tout prépare à cette unité : découvertes, mouvement immense et mystérieux. Ceux qui veulent un monde sans Dieu, ceux qui nient Dieu, et qui croient que ce grand mouvement d’universalité est pour eux, se trompent. Il est pour le Christ et l’Eglise catholique. A nous, dès maintenant, de préparer cette association universelle, en favorisant et développant toutes les associations catholiques, surtout les associations de charité mutuelle. Congrégations pieuses, sociétés de secours mutuels pour les ouvriers des villes, caisses rurales pour les habitants des campagnes, et surtout et avant tout le Tiers-Ordre séraphique qui est l’idéal de toutes les associations. Tout le monde devrait y entrer. Léon XIII le redit et le recommande sans cesse.»[3]

 

Quant à la presse, elle a été un élément non négligeable de son action. Il aurait pu être journaliste. Il a collaboré ponctuellement à de nombreux journaux catholiques qui ont fait connaître ses ouvrages, a réagi avec vigueur contre d’autres et a été plusieurs fois pris à partie par la presse anticléricale, subissant même un procès, qu’il a gagné[4]. Il répond toujours aux attaques, abandonnant dès les premiers mots le particulier pour aller au général et toucher le plus de monde possible. Enfin il a largement soutenu la création, en janvier 1894, de l’organe des Capucins de la Province de Toulouse, l’Echo de saint François et de saint Antoine de Padoue », qui devint en 1903, les Voix Franciscaines, journal et bientôt aussi maison d’édition.

 

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[1] L’Aa : Assemblée secrète existant en de nombreuses villes, à Toulouse depuis 1632, animée à partir de 1795 par Maurice Garrigou, fondateur des Religieuses de N.D. de la Compassion. Contribua à la formation spirituelle et apostolique du clergé séculier après les secousses de la révolution. Se reporter à l’étude de Mgr Clément Tournier Une société secrète dans la vie du Père Marie-Antoine, extraite de la Revue Historique de Toulouse, n°111, 1945 et à celle de Jean-Claude Meyer La réforme spirituelle du clergé : L’Aa de Toulouse (1632-1870), dans le Bulletin de Littérature Ecclésiastique, 2000, p. 149-180.

[2] Les Grandes Gloires de Saint Antoine de Padoue par le R.P. Marie-Antoine, surnommé « Le Saint de Toulouse ». Les Voix Franciscaines, nouvelle édition, 1931 : Avis au lecteur p.4

[3] Manuel du Pèlerin de Notre-Dame de Consolation, 1902 p. 72, 73. L’Église formule peu à peu une véritable doctrine sociale qui prend visage avec Léon XIII (1878-1903) et son encyclique Immortale Dei en 1885 où il définit les libertés populaires, et Libertas en 1888, les libertés tout court. Et trois ans plus tard, Rerum novarum sur la condition des ouvriers. Une doctrine sociale dans ses fondements aux antipodes du socialisme qu’il a condamné dès 1878 (Quod apostolici). Concernant le Tiers-Ordre, l’encyclique Auspicata de Léon XIII est du 17 septembre 1882.

[4]  P. Ernest-Marie de Beaulieu, édition 1908 p. 257.


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