Le Vénérable Père Marie-Antoine de Lavaur, capucin, appelé Le Saint de Toulouse (1825-1907)
  
 
 
 
Vous êtes ici :   Accueil » La chapelle de saint Gaudens restaurée tambour-battant
    Imprimer la page...

La chapelle de saint Gaudens restaurée tambour-battant

UNE RESTAURATION TAMBOUR-BATTANT
 
OU COMMENT LE P. MARIE-ANTOINE ENTREPRIT DE SAUVER LA CHAPELLE DE SAINT GAUDENS, DITE DE LA CAOUÉ

d'après le P. Ernest-Marie de Beaulieu ("Le Saint de Toulouse" 1908) et "Mes Souvenirs" du P. Marie-Antoine
Chapelle-StGaudens.jpg

Revenu indemne des cholériques, l’abbé Clergue -tel est encore le nom du P. Marie-Antoine, alors jeune vicaire nommé à 25 ans dès son ordination, à Saint-Gaudens jusqu'à son appel franciscain, soit de 1850 à 1855- se met en tête de restaurer l’antique chapelle de saint Gaudens (472 ?-485 ?), un jeune berger décapité sur les lieux pour avoir refuser de renoncer à sa religion, non par les Sarrasins comme l’indique le P. Ernest-Marie de Beaulieu dans ses biographies, mais par les Wisigoths ariens. Les Wisigoths, d’origine germanique, convertis à l’arianisme, se sont installés dans l’Empire romain, en particulier l’Hispanie et l’Aquitaine, en 376, perdurant bien après la chute de l’Empire, jusque dans les années 700. « Ne doit-on pas remercier saint Gaudens d’avoir épargné la ville qui porte son nom ? » La chapelle, sur le penchant d’une colline qui domine la magnifique plaine de Valentine, est une ruine. L’humidité du sol, la déclivité du terrain, rendent sa restauration extrêmement difficile. « L’œuvre est gigantesque », observe l’archiprêtre. Qu’importe, quand tout fut prêt au ciel, tout le fut aussi sur la terre. L’abbé décrète la mobilisation générale : pèlerinages à Notre-Dame du Bout-du-Puy, prières, surtout des pauvres, ces grands amis de Saint Gaudens avec les bergers ses petits frères.

Et le jour de Pentecôte 1854, à la messe de sept heures, celle où les paroissiens de la campagne sont nombreux, il monte en chair, prend comme à l’accoutumée pour cette messe la parole en patois : « Mes frères, les temps que nous traversons sont bien malheureux. Il y a beaucoup d’indigents parmi vous, et cependant je suis obligé de vous demander encore l’aumône. Nous avons un pauvre dans la paroisse. Ce pauvre ne demeure pas à la ville, il habite la campagne : il a un grand nombre d’amis, mais ils n’osent plus lui rendre visite tant sa maison menace de ruine ! Quand ils entrent dans sa demeure, ils ont peur que le plancher n’écrase leur tête, tandis que l’eau coule sous leurs pieds. Si nous l’invitons à venir habiter la ville, il n’acceptera pas : il est né dans les champs et les a toujours aimés ! Si, d’un autre côté, il quitte la paroisse, nous sommes tous perdus. Ce pauvre, vous le connaissez : c’est saint Gaudens de la Caoué - du nom du plateau où se situe la chapelle et où aurait eut lieu l’exécution -, le berger martyr de vos campagnes, celui à qui cette cité doit son nom et sa gloire. Vous ne serez pas ingrats ! Vous relèverez son antique chapelle, vous la rendrez digne de Dieu, digne de votre martyr, digne de vous ! »

 Le lendemain 5 juin 1854, au lever du jour, la cloche de la colline retentit et, après la prière et la bénédiction du prêtre, ils sont plus de quarante à s’y mettre et réaliser les impossibles travaux. Tous les jours, le pain et le vin leur sont fournis gratuitement. Avant la fin du mois, la chapelle peut être inaugurée, rebâtie avec sa flèche gothique et ses clochetons, par la foi et la charité du peuple. Dans l’enthousiasme général, on a fait la razzia de vieux chapiteaux, de tronçons de vieilles colonnes, de débris d’ornements de marbre qu’on savait trouver sous une remise, au coin d’une étable ou encastrés au fond d’une cour. Bijoux de l’architecture gothique, ces précieux matériaux viennent de l’ancienne abbaye cistercienne de Bonnefont, fondée en 1138, devenue bien national à la Révolution. Elle a alors été vendue et les bâtiments démantelés par les nouveaux propriétaires, devenant la proie des vandales qui les ont vendus à vil prix.[1]  Une grande partie du cloître est à Saint-Gaudens, le reste est aux États-Unis au musée des Cloîtres de New-York [2].

 

[1] Mes Souvenirs, p. 28-30.-  P. Ernest-Marie de Beaulieu, 1908, p. 42-45.

[2] Marie-Armand Pascal d’Avezac, Essais historiques sur le Bigorre: accompagnés de remarques critiques, de pièces justificatives, de notices chronologiques et généalogiques, par vol. 2, 1823.


Catégorie : - Gros plans sur sa vie
Page lue 2125 fois

Réactions à cet article

Personne n'a encore laissé de commentaire.
Soyez donc le premier !